Une batterie de missiles russes S-400, en mai 2018 à Moscou, lors de la répétition d’un défilé militaire. / MLADEN ANTONOV / AFP

Malgré les mises en garde répétées des Etats-Unis, la livraison controversée de missiles russes S-400 à la Turquie « a commencé », a annoncé, vendredi 12 juillet, le ministère turc de la défense.

Pilier oriental de l’Alliance atlantique depuis 1952, la Turquie a jeté un froid chez ses alliés en signant, en septembre 2017, un contrat de 2,5 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) avec la Russie pour la fourniture de missiles russes antiaériens S-400, incompatibles avec le système de défense de l’OTAN. Le Pentagone craint notamment que les S-400, dotés d’un puissant radar, ne parviennent à déchiffrer les secrets technologiques de ses avions militaires dernier cri.

En outre, Washington estime qu’il existe un risque que les opérateurs russes qui formeront les militaires turcs aux S-400 puissent dans le même temps percer les secrets technologiques du nouvel avion furtif américain F-35, dont la Turquie veut aussi se doter. « La Turquie s’exposerait à des conséquences réelles et néfastes si elle acceptait les S-400 », a ainsi menacé mardi la porte-parole du département d’Etat américain, Morgan Ortagus. Le Pentagne avait donné au gouvernement turc jusqu’au 31 juillet pour renoncer à cette acquisition. En vain.

Trois ans après le putsch manqué contre Erdogan

Ankara a, en effet, rejeté plusieurs fois ces mises en garde. « Nous invitons la partie américaine à ne pas prendre de mesures dommageables qui mettraient au rebut la diplomatie et le dialogue et nuiraient à nos relations », a notamment déclaré le ministère turc des affaires étrangères dans un communiqué.

Cette livraison intervient près de trois ans après le putsch manqué au cours duquel des officiers putschistes ont tenté de renverser le président Recep Tayyip Erdogan. Et cette date n’a pas été choisie par hasard par la partie russe, soucieuse de rappeler que Vladimir Poutine fut le premier à soutenir le président Erdogan au plus fort de la tentative de putsch, contrairement aux alliés traditionnels de la Turquie, régulièrement fustigés par Ankara pour leur manque d’empathie.