CANAL+ CINEMA - VENDREDI 12 JUILLET - 20 H 50. FILM

Bienvenue dans l’ancien monde. Paris, 1982, Le Mirodrome. Un peep-show de Pigalle en déclin tenu par Franck (Guillaume Canet) et Serge (Gilles Lellouche), qui ont l’idée de tourner de courts pornos amateurs. L’affaire reprend de plus belle. Au point qu’une bande cagoulée, vraisemblablement commanditée par quelque cacique de l’industrie du porno, vient la leur détruire intégralement.

Le film s’était ouvert, au petit matin d’une nuit d’orgie ordinaire, dans une belle maison bourgeoise avec piscine. Gueule de bois des deux associés, fille nue passant languissamment, ­retour difficile à la vie diurne – pour ne pas le nommer : au réel. On pense a priori que ce retour à l’ordre du jour sera, sous les auspices du dégrisement et de la chute, le programme nécessaire de L’amour est une fête. C’est mal connaître Cédric Anger, dont l’œuvre n’aime rien tant que les histoires d’infiltration, la duplicité des ­personnages, le doute jeté sur les hiérarchisations morales et esthétiques.

De nouveau mis à terre, Franck et Serge se tournent donc vers un professionnel du X (le régulièrement et formidablement excentrique Michel Fau) pour se relancer encore une fois. Sauf que – coup de théâtre – les deux compères se révèlent être des flics infiltrés dans le milieu du sexe pour, par un flagrant délit ­savamment orchestré, y frapper un gros coup et siffler la fin de la récré­a­tion des seventies.

Immoral et ­erratique

L’idée de Cédric Anger, pour le dire avec la finesse des titres de films olé olé de l’époque, n’est pourtant pas que ces personnages frappent un grand coup, mais qu’ils se ­contentent de le tirer. Plus élégamment dit, que la loi cède devant le désir, que l’exultation des corps et l’ivresse des sens défient tant l’hypocrisie de la société du contrôle que les ligues de vertu. L’histoire de ce film immoral et ­erratique, mû par une fantaisie ­hédoniste, est donc celle de la lente dérive de deux flics de la lugubre brigade des mœurs vers la libération de leurs propres mœurs.

Saisie au crépuscule d’un artisanat du porno où le plaisir et la liberté d’en jouir avaient, si l’on en croit l’auteur, encore leur place, L’amour est une fête est un film impertinent, qui ne se fera pas que des amis dans sa propre époque. Laquelle lui reprochera la ­ténuité de personnages féminins réduits à de purs véhicules de plaisir, ainsi qu’une possible idéalisation de la petite entreprise pornographique, dont il y a lieu de supposer qu’elle ne se résuma pas à une rayonnante utopie libératrice.

L'amour est une fête - avec Guillaume Canet et Gilles Lellouche - Bande-annonce
Durée : 02:07

Film français de Cédric Anger. Avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Michel Fau, Camille Razat, Xavier Beauvois (1 h 59).

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