Devant un magasin La Halle, à Paris, en septembre 2017. / ERIC PIERMONT / AFP

A la veille du départ en vacances d’été, c’est un nouveau coup dur pour les 10 000 salariés de Vivarte. « Fin septembre, le groupe ne sera pas en mesure de rembourser ses échéances de dette », a prévenu Patrick Puy, vendredi 12 juillet, au lendemain d’une réunion à Londres avec ses actionnaires et créanciers, et peu avant une conférence téléphonique prévue avec les représentants du personnel du conglomérat d’enseignes et d’habillement.

Le groupe au 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires n’est pas parvenu à honorer ses engagements envers ses créanciers, fin mai. Faute d’atteindre « le ratio d’endettement sur Ebitda défini lors de la renégociation de sa dette en juin 2017 », à hauteur de 572 millions d’euros, Vivarte a alors brisé ses covenants (clauses de sauvegarde). La cession d’enseignes pour un montant de l’ordre de 200 millions d’euros (dont André, Chevignon, Kookaï, Pataugas et Naf-Naf) n’a pas suffi au groupe pour rembourser sa dette par anticipation. Elle s’élevait à 302 millions d’euros en septembre 2018.

Dès lors, les créanciers de Vivarte devraient faire valoir la fiducie, une procédure dont ils bénéficient compte tenu de l’inexécution des engagements du groupe détenu par leverage buy-out (opération de rachat par endettement) depuis 2004. Ce transfert de propriété au profit de fonds de dette devrait être enclenché fin août. Dans la foulée, une nouvelle gouvernance devrait être mise en place. Patrick Puy qui, en mars, a recruté Stéphane Roche, un ancien de chez Decathlon, au poste de directeur général pour le seconder, assure qu’il pourrait toutefois conserver son poste de PDG, fonction qu’il occupe depuis fin 2016.

Pénalisé par le mouvement des « gilets jaunes »

Le spécialiste des restructurations d’entreprise assure en substance que cette probable fiducie n’aura pas d’incidence sociale et serait une bonne chose pour l’équilibre financier de l’entreprise dont le résultat brut d’exploitation a atteint 50 millions d’euros sur le dernier exercice. La procédure permettrait au groupe de « réduire sa dette à zéro » et de pouvoir allouer ses résultats, comme il l’entend, pour « investir dans la logistique et l’informatique », notamment au profit de La Halle, sa principale enseigne, estime M. Puy. « Le groupe serait alors à la tête de 150 millions d’euros de cash disponible », précise-t-il.

Le transfert de propriété de Vivarte à ses créanciers demeure cependant le résultat d’un enchaînement de mauvaises nouvelles. A en croire M. Puy, le groupe qui détient les chaînes La Halle, Carol, Cosmo Paris, Minelli et San Marina est « sur la corde raide » depuis fin 2018, à la suite des manifestations des « gilets jaunes ». Le blocage de l’accès aux grandes zones commerciales où les magasins La Halle sont installés aurait affecté leur fréquentation en fin d’année et aurait coûté au groupe « 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et 15 millions de résultat d’exploitation », estime M. Puy. De plus, pour réduire le fardeau de sa dette, le groupe n’est pas parvenu à céder Minelli. Cinq mois après avoir entamé le processus de vente de l’enseigne de chaussures exploitée en centre-ville et en centres commerciaux, qui génère 125 millions d’euros de chiffre d’affaires et 8 millions d’euros de résultat d’exploitation, Vivarte dit y renoncer. La cession de San Marina et Cosmo Paris serait, elle, maintenue.