Le chanteur de R&B R. Kelly lors d’une audition dans un tribunal de Chicago, le 6 mars 2019. / Kamil Krzaczynski / REUTERS

Le chanteur américain de R&B R. Kelly, déjà accusé de multiples agressions sexuelles, a été interpellé jeudi 11 juillet en lien avec une série de nouveaux chefs d’inculpation. Robert Kelly, de son vrai nom, pourrait rester en prison dans l’attente de son procès. Un juge fédéral a ordonné son maintien en détention jusqu’à mardi, date d’une nouvelle audience lors de laquelle sera débattue sa possible remise en liberté sous caution.

Deux actes d’accusation distincts ont été rendus public vendredi, l’un émanant du procureur fédéral de Chicago et l’autre de son homologue de Brooklyn. L’avocat de l’artiste, Steve Greenberg, a fait savoir que « les faits reprochés (semblaient) être de même nature » que ceux déjà mentionnés lors de sa double inculpation par le procureur de l’Etat de l’Illinois, avec plus de vingt chefs d’accusation au total.

Près de 20 chefs d’inculpation

Il s’agit cette fois de deux inculpations au niveau fédéral, qui portent sur des faits intervenus dans l’Illinois, mais aussi le Connecticut, la Californie et New York, selon les documents publiés vendredi. Ces derniers évoquent également des actes commis hors du territoire américain, sans plus de précisions. R. Kelly y est accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec des mineures alors qu’il était lui-même majeur, un crime fédéral sous certaines conditions, mais également d’avoir enlevé, séquestré, menacé et filmé, à leur insu, plusieurs jeunes filles.

Si certains faits remontent à 1996, d’autres, qui auraient été commis en Californie et à New York, sont datés de 2018. Aucune des dix victimes présumées mentionnées dans les deux actes d’accusation n’apparaît sous sa véritable identité. Le document du procureur fédéral de Chicago, qui comprend treize chefs d’accusation, évoque une jeune fille de « 12 ou 13 ans » et une autre de « 13 ou 14 ans ».

L’artiste « attend que la vérité éclate et qu’il soit innocenté », selon son avocat

« M. Kelly était au courant de ces enquêtes et cette inculpation n’est pas une surprise », a réagi sur Twitter l’avocat Steve Greenberg. L’artiste « attend impatiemment son procès, que la vérité éclate et qu’il soit innocenté après ces attaques sans précédent de personnes agissant par intérêt personnel », a-t-il également écrit.

R. Kelly, âgé de 52 ans, fait l’objet d’accusations répétées d’agressions sexuelles et détournement de mineures depuis plus de deux décennies, mais n’a jusqu’ici jamais été condamné. Il avait été acquitté en 2008 à l’issue d’un procès lié à des enregistrements vidéo d’actes sexuels réalisés avec une jeune fille de 14 ans. Certains des chefs d’accusation publiés vendredi à Chicago sont liés à cette jeune fille. Selon l’enquête, R. Kelly et son manager Derrell McDavid l’auraient poussée à produire de faux témoignages sur ses relations avec le chanteur et à dissimuler plusieurs vidéos dans lesquelles elle apparaissait.

Un documentaire le mettant en cause pour de multiples agressions sexuelles

Le manager de R. Kelly, Derrell McDavid, a également été inculpé pour subornation de témoin et destruction de vidéos susceptibles de constituer des éléments à charge contre le chanteur. Il est également accusé, de même qu’un employé de l’artiste, d’avoir participé à la réalisation de vidéos pornographiques mettant en scène des mineures.

Dans une interview en mars, R. Kelly a nié avec véhémence les accusations dont il fait l’objet, déclarant qu’il « se battait » pour sa vie. « Je n’ai pas fait ce genre de choses. Ce n’est pas moi », a-t-il assuré sur CBS News. Dans un contexte post #MeToo, l’auteur et interprète du tube « I Believe I Can Fly » est revenu dans la tourmente avec la diffusion en début d’année d’un documentaire en plusieurs parties le mettant en cause pour de multiples agressions sexuelles, notamment de filles de moins de 16 ans. Plusieurs enquêtes ont alors été ouvertes et la maison de disques Sony Music a mis fin au contrat qui liait sa filiale RCA au chanteur star des années 1990.