La police de Hongkong dans un centre commercial dans le district de Sha Tin, Hong Kong, le 14 juillet 2019. / TYRONE SIU / REUTERS

De violents heurts se sont produits dimanche 14 juillet soir à Hongkong entre la police et des manifestants, à l’issue d’un rassemblement massif contre le gouvernement local soutenu par Pékin. Le mouvement de protestation se poursuit pour la cinquième semaine d’affilée. A plusieurs occasions, au cours de la journée de dimanche, les forces de l’ordre ont utilisé du gaz poivre et des matraques contre de petits groupes de contestataires qui ont répliqué en jetant des bouteilles et d’autres objets.

Les affrontements les plus durs se sont déroulés dans la soirée à l’intérieur d’un centre commercial abritant de nombreuses boutiques de vêtements de luxe, où des centaines de contestataires avaient trouvé refuge après une charge de la police, ont constaté des journalistes de l’Agence France-presse, présent sur place. Une fois entrés dans ce complexe, les policiers se sont trouvés pris sous les jets de projectiles en provenance des niveaux supérieurs. L’un d’eux gisait inconscient. Dusang était visible sur le sol.

Protégés par leurs boucliers et armés de matraques, les policiers sont alors montés dans les étages, procédant à un grand nombre d’interpellations. Un manifestant qui s’est effondré dans la cohue a reçu des soins sur place. Vers 22 heures, la plupart des contestataires avaient quitté le site. D’autres échauffourées avaient eu lieu plus tôt dans la journée entre les forces de l’ordre et des poignées de manifestants qui s’étaient retranchés dans une rue proche de l’endroit où s’étaient regroupées des dizaines de milliers de personnes pour protester contre les autorités, dans le quartier de Sha-Tin.

« Nous ne sommes pas encore morts »

Hongkong est secoué depuis plus d’un mois par une gigantesque vague de contestation, partie du rejet d’un projet de loi désormais suspendu visant à autoriser les extraditions vers la Chine. Le mouvement a ensuite avancé des exigences plus larges concernant la préservation des acquis démocratiques, notamment la liberté d’expression et l’indépendance de la justice, dont jouit théoriquement jusqu’en 2047 ce territoire rétrocédé en 1997 par Londres à la Chine et auquel a été octroyé un statut de semi-autonomie.

Pékin a mis tout son poids dans la balance pour soutenir la cheffe de l’exécutif local Carrie Lam. En plus de manifestations pacifiques monstres, le Parlement a été saccagé en juin par des centaines de contestataires radicaux, pour la plupart des jeunes. Dimanche, pour la cinquième semaine consécutive, une immense manifestation a été organisée.

« Nous avons manifesté tant de fois mais le gouvernement n’écoute toujours pas, cela oblige chacun à descendre dans la rue », a déclaré à l’AFP l’un des participants, Tony Wong, âgé de 24 ans. Beaucoup considéraient les manifestations comme un combat existentiel contre la mainmise croissante de Pékin sur le territoire. « C’est un moment dangereux. Les Hongkongais peuvent choisir de mourir ou de vivre. Nous sommes sur le fil du rasoir mais nous ne sommes pas encore morts », a observé JoJo So, une manifestante cinquantenaire.

Pourquoi Hongkong est (encore) dans la rue
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