Les épéistes français avaient remporté la médaille d’or par équipes aux Jeux olympiques de Rio en 2016. Aujourd’hui, les « Invincibles » sont à la peine. / PILAR OLIVARES / REUTERS

Un mois de juin ensoleillé peut-il augurer d’un mois de juillet radieux ? L’escrime française voudrait y croire. Repartis, voici trois semaines, des championnats d’Europe à Düsseldorf (Allemagne) avec huit médailles, dont deux en or (épée individuelle femme et fleuret par équipes hommes), et une deuxième place au classement général derrière les Italiens, les Bleu(e)s entendent à nouveau briller lors des championnats du monde qui débutent lundi 15 juillet à Budapest, en Hongrie (jusqu’au 23 juillet).

L’objectif est de faire mieux qu’aux Mondiaux 2018 à Wuxi en Chine, où la France avait rapporté quatre médailles et s’était classée quatrième. L’équipe a déjà prouvé qu’elle savait être présente lors de ces grands rendez-vous, comme en 2014, où escrimeuses et escrimeurs avaient décroché sept podiums, ou en 2017, où ils étaient montés six fois sur la boîte.

Surtout, les résultats attendus à Budapest s’annoncent cruciaux pour assurer la qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo, en 2020. « Mon but est de qualifier les six armes (sabre, épée, fleuret, hommes et femmes) et toutes les épreuves par équipes aux Jeux, avance Stéphane Marcelin, directeur des équipes de France. Il ne faudra pas se mettre trop de pression, mais on vise la meilleure place au classement général. »

Les leçons de l’Euro

A Budapest, l’escrime tricolore arrive avec certaines bases relativement solides. Mais aussi avec quelques sujets de préoccupation. C’est ce dont l’Euro a témoigné : autant la situation est relativement satisfaisante chez les femmes, autant elle apparaît plus compliquée du côté des hommes, notamment chez les épéistes.

« C’était un Euro très positif, confie Stéphane Marcelin. Le fleuret a permis un très bon cru avec quatre médailles, dont le sacre pour les hommes par équipes. Le doublé Coraline Vitalis et Marie-Florence Candassamy en épée chez les femmes est très prometteur. Elles peuvent viser le titre à Budapest. » Tout comme la plupart des féminines : six médailles sur huit ont été remportées à Düsseldorf par les Bleues. « Elles ont de très grandes chances de podiums et de titres, bien plus que l’équipe masculine. »

Cette dernière est en effet rentrée bredouille dans deux disciplines, le sabre et l’épée. « Bien loin de son potentiel, selon le directeur technique. Au sabre et à l’épée, cela a été très compliqué pour les hommes, malgré un Boladé Apithy performant », éliminé en quarts de finale, d’une touche (14-15)Un tir qu’il va falloir rapidement rectifier.

Quid des « Invincibles » ?

Les attentes portent tout particulièrement sur l’équipe des épéistes hommes, surnommés « Les Invincibles ». A l’Euro, ceux qui étaient vice-champions d’Europe en titre ont été sortis dès les huitièmes de finale : ils ont été battus par l’Estonie (42-43) à la mort subite, cette minute de temps additionnel en cas d’égalité entre les tireurs à la fin du match, le premier tireur à mettre une touche l’emportant.

Cette sortie prématurée cadre mal avec le palmarès de cette équipe : six titres mondiaux entre 2005 et 2011, auxquels s’ajoutent les sacres olympiques en 2004, 2008 et 2016. Mais, après son titre de championne du monde en 2017, l’épée par équipes avait fini au pied du podium l’année suivante.

« Après les JO de Rio, l’entraîneur est parti et on a mal géré le renouvellement. On a perdu des tireurs, tente d’expliquer Stéphane Marcelin, faisant référence à Jean-Michel Lucenay et Gauthier Grumier, retraités, et Daniel Jérent, suspendu pour ne pas s’être présenté à des contrôles antidopage. Si c’était sur toute une olympiade ou une saison complète, je vous dirais que oui, l’épée hommes est à la peine. Mais on n’en est pas là. Il y a de la relève, des jeunes qui ont l’envie et les capacités. Il faut reprendre nos repères et retrouver de la confiance, mais on peut revenir au meilleur niveau. »

Objectif JO

Budapest sera avant tout un moment clé dans la course à la qualification pour les Jeux de Tokyo. Dans l’obtention du précieux sésame, les résultats des Mondiaux pèsent plus lourd que ceux des autres compétitions, à savoir les quatre meilleurs résultats des cinq circuits de Coupe du monde et les championnats de zone continentale, soit l’Euro pour la France.

La performance de Düsseldorf a mis les Bleu(e)s sur la bonne voie. Mais Stéphane Marcelin se montre prudent : « Pour l’instant, il n’y a eu que deux tournois, donc c’est difficile de se positionner, même si les premiers résultats sont satisfaisants. On en saura vraiment plus après les Mondiaux. »

Si la France fait partie des quatre premières nations à l’issue de la phase qualificative (avril 2019-mars 2020), l’équipe s’assurera la présence de trois athlètes par discipline en individuel à Tokyo, en plus des épreuves par équipes. Ce qui statistiquement augmentera les chances de médaille.

L’escrime est d’ores et déjà la discipline française la plus titrée aux Jeux olympiques, avec un « historique » de 118 médailles, dont 42 en or.

Les Françaises et Français sélectionnés à Budapest

Épée hommes : Yannick Borel, Alexandre Bardenet, Romain Cannone, Ronan Gustin, Daniel Jerent

Épée dames : Marie Florence Candassamy, Joséphine Jacques-André-Coquin, Auriane Mallo, Coraline Vitalis

Fleuret hommes : Enzo Lefort, Erwann Le Péchoux, Julien Mertine, Maxime Pauty

Fleuret dames : Anita Blaze, Solène Butruille, Pauline Ranvier, Ysaora Thibus

Sabre hommes : Vincent Anstett, Bolade Apithy, Maxence Lambert, Tom Seitz

Sabre dames : Cécilia Berder, Manon Brunet, Charlotte Lembach, Caroline Queroli