Cette fois, la tempête est bien là. Elle est globale. Et aucun industriel de l’automobile n’est en mesure d’y échapper. Les constructeurs français, qui viennent de publier leurs chiffres commerciaux semestriels, lundi 15 et mardi 16 juillet, ne font pas exception. Les six premiers mois de l’année 2019 se sont soldés par un recul des ventes de Renault et de PSA, respectivement de 6,7 % et de 12,8 % par rapport à la même période de 2018.

Le Groupe Renault a vendu 1,94 million de voitures dans le monde au premier semestre 2019, dont 55 % en Europe. Le groupe PSA aux cinq marques (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall), a, lui, écoulé 1,90 million de véhicules sur la planète entre janvier et juin, dont 88 % sur le Vieux Continent.

Cette chute des ventes témoigne de la récession de grande ampleur dans laquelle est plongée le secteur. Une baisse comparable à celle enregistrée en 2008-2009, liée à la crise financière mondiale. Selon LMC Automotive, il s’est vendu 45 millions de voitures particulières et utilitaires légers neufs dans le monde au premier semestre 2019, soit une baisse de 6,6 % par rapport aux six premiers mois 2018.

Le marché chinois a plongé

La situation est même aujourd’hui plus inquiétante. Il y a dix ans, la Chine en pleine expansion avait sauvé la mise de nombreux constructeurs et équipementiers. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : aucune grande zone n’est épargnée par la baisse.

Le marché chinois – le premier au monde avec 12 millions de véhicules immatriculés depuis janvier – a plongé de 12,4 %. Sur les autres grands marchés, même si la chute est moins forte, ce n’est guère brillant : – 2,9 % en Europe de l’Ouest, – 2,4 % aux Etats-Unis. Seul le Brésil et le Japon ont connu une phase positive au premier semestre 2019. Partout ailleurs c’est négatif.

Difficile de faire des étincelles dans une telle ambiance. Sans compter que s’ajoutent pour chaque constructeur des difficultés propres. Pour PSA, les gros points noir se situent en Iran (le français s’en est retiré brutalement pour échapper aux sanctions américaines), et surtout en Chine où la chute est vertigineuse. Non seulement elle n’a pas cessé depuis le pic de 2014 mais elle s’est même accélérée.

Il y a cinq ans, le groupe français vendait 740 000 véhicules dans l’année, il n’en a écoulé que 64 000 ce semestre (– 60,6 % par rapport aux six premiers mois de 2018), soit quasiment 100 000 ventes évaporées en un an. Conséquence de cette débâcle : Citroën perd sa place de deuxième marque du groupe au profit d’Opel-Vauxhall, alors qu’elle bat des records de performance commerciale en Europe depuis le début de l’année.

Vers des mesures de réduction des capacités

Or, PSA dispose de cinq usines en Chine avec ses alliés locaux (Dongfeng, qui est aussi son actionnaire, et Changan), permettant de fabriquer 1 million de véhicules. Ces sites ne tournent aujourd’hui qu’à 26 % de leurs capacités selon le cabinet AlixPartners. Une situation inacceptable pour Carlos Tavares, le président du groupe. Le communiqué de PSA, publié pour présenter les résultats, laisse entendre que des mesures de réduction des capacités ne devraient pas tarder à être prises : « Le groupe travaille sur des plans d’action avec ses partenaires pour (…) abaisser le seuil de rentabilité », indique PSA.

Chez Groupe Renault, qui souffre aussi en Chine (ventes en baisse de 24 %, usines tournant à 33 % de leurs capacités), le problème c’est plutôt la faiblesse de sa marque-phare au célèbre losange. Les ventes de voitures griffées Renault ont reculé de 11,5 % quand les marques Dacia (+ 4,5 %) et Lada (+ 6,8 %) naviguent en territoire positif.

« Les principaux marchés qui ont chuté sont ceux où la marque Renault est très présente, explique Olivier Murguet, directeur du commerce et des régions du groupe. Baisse en Turquie, en Argentine… Notre départ de l’Iran qui nous a coûté 77 000 voitures. Heureusement, les prochains lancements de modèles sont sous marques Renault : Arkana en Russie, Triber en Inde, KZE en Chine, ainsi que les nouvelles Clio et Zoe. Cela devrait améliorer nos positions. »

Chez Renault, le discours est aussi en train de changer sur l’importance de pousser les volumes de ventes parfois au détriment de la rentabilité. « Dans ces contextes incertains, il faut absolument fixer des prix qui permettent de protéger nos profits, dit M. Murguet. Ce sera le cas avec la Clio V. » Un principe qui, lui, est en vigueur chez PSA depuis 2013, lorsque M. Tavares en a pris les rênes.