France Culture - Podcast à la demande - fiction

Si vous aimez Black Mirror, il y a de fortes chances pour que vous puissiez goûter à DreamStation. Cette série de science-fiction, en cinq épisodes d’une demi-heure environ, emmène les auditeurs dans le monde pas si merveilleux du « rêve à la demande ».

Le récit commence par deux délicieuses réclames. Une pour « DreamStation », une société qui propose des « rêves dont vous êtes le héros ». La suivante pour « iWake 4 », « l’implant anti-sommeil nouvelle génération », qui vous permettra de gagner « jusqu’à vingt minutes de sommeil en moins » pour « vivre plus ». Toute ressemblance avec un fabricant de téléphones intelligents bien connu est bien sûr fortuite… Ce qui n’est en revanche pas fortuit, c’est la conformité de cette promesse avec les désirs de nos contemporains, votre servante incluse. Qui n’a jamais souhaité décider du contenu de ses rêves ? Ou « perdre moins de temps » à dormir ?

Mais dans la fiction de Sebastian Dicenaire, douze rêveurs sont tombés dans une sorte de bug du système et ne se sont jamais réveillés. Pour s’épargner un scandale, DreamStation confie la mission de ramener les rêveurs parmi les vivants à Sismo. Ce jeune homme a été exposé sans son consentement à cette technologie le temps d’un essai « gratuit » et « offert » par sa compagne, et il a réussi l’incroyable exploit d’en revenir.

Dérives du « tout, tout de suite »

De là, vous imaginez bien que l’utopie va virer au cauchemar. Car l’auteur utilise de jolies mises en abyme pour anticiper un monde où les nouvelles technologies se mêlent des besoins fondamentaux de l’être humain : dormir, manger, être en sécurité, aimer. Et met en garde l’auditeur sur les dérives du « tout, tout de suite » et de la toute-puissance des GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft –, ces firmes qui dominent le marché du numérique et investissent des millions de dollars dans le développement de l’intelligence artificielle.

La narration de Dreamstation saisit et retranscrit à merveille ce que les rêves peuvent avoir de réel et d’étrange. D’abord parce que la mise en scène des séquences oniriques, teintées de psychanalyse, n’est pas dénuée d’humour. Ensuite, parce que la réalisation en son binaural – la 3D sonore – par le créatif Benjamin Abitan, auteur entre autres de la drôlissime fiction La Dernière Séance, est excellente. L’auditeur est immédiatement immergé dans le récit et se positionne parfaitement entre rêve et monde réel. Pour profiter au maximum de l’expérience, casque audio obligatoire !

DreamStation, sur France Culture. 5 × 24 à 37 minutes, Franceculture.fr.