Les manifestants assistent à un rassemblement de soutien aux candidats indépendants pour les élections du Parlement régional de la capitale, à Moscou, en Russie, le 15 juillet 2019. / MAXIM SHEMETOV / REUTERS

Les autorités russes tentent de phagocyter les élections du Parlement de Moscou. Elles ont annoncé mardi 16 juillet avoir invalidé l’enregistrement d’une trentaine de candidats à ces élections locales, parmi lesquels au moins un opposant de premier plan ayant manifesté ces derniers jours pour des « élections honnêtes ». La commission électorale moscovite a autorisé 216 candidats à participer, tandis que 27 autres ont été exclus de ce scrutin prévu pour septembre et pour lequel l’opposition russe est fortement mobilisée. Une cinquantaine de candidats attendent encore une décision officielle sur leur cas.

En tête des sondages dans sa circonscription, l’opposant Ilia Iachine a fait savoir lundi que sa candidature avait été officiellement bloquée en raison d’un nombre « trop élevé » de signatures invalides, des accusations qu’il dénonce comme fabriquées de toutes pièces. « Nous devons persévérer, nous devons résister ! », avait lancé M. Iachine lors d’un rassemblement lundi soir dans le centre de Moscou.

Les Moscovites sont appelés aux urnes le 8 septembre pour un scrutin destiné à renouveler le mandat quinquennal des 45 députés du Parlement local, chargé de valider les décisions du maire, Sergueï Sobianine, loyal au pouvoir.

Procédure opaque

Selon la loi, les candidats indépendants étaient censés rassembler les signatures d’au moins 3 % de leurs électeurs potentiels dans chacun des 45 districts de Moscou, soit entre environ 4 500 et 5 000 personnes, pour avoir le droit de concourir. Mais dix-sept candidats d’opposition parvenus à remplir ces exigences se sont indignés contre une procédure de vérification qu’ils jugent opaque et qui avantage selon eux les candidats pro-pouvoir.

Membre de l’opposition russe, Ilia Iachine intervient lors d’une manifestation contre les manœuvres qui viseraient à empêcher les candidats de l’opposition de s’inscrire aux élections locales, le 15 juillet 2019. / ALEXANDER NEMENOV / AFP

Deux manifestations, dimanche et lundi, avaient rassemblé jusqu’à 2 000 personnes pour demander l’enregistrement de tous les candidats. Le rassemblement de dimanche s’était soldé par une quarantaine d’arrestations, dont celles de plusieurs opposants.

Privés de participation à des scrutins plus importants comme la présidentielle, l’opposition s’est fortement mobilisée pour les élections à Moscou, espérant obtenir ainsi son mot à dire dans la gestion du budget faramineux de la capitale russe.

Dans un contexte de baisse des revenus et de stagnation économique, l’opposition entend aussi miser sur le mécontentement grandissant des Russes. Ces derniers mois, plusieurs candidats du pouvoir ont été désavoués lors d’élections régionales au profit des communistes et nationalistes, tandis que le parti au pouvoir, Russie unie, enregistre ses plus faibles scores depuis une dizaine d’années.