La chercheuse Fariba Adelkhah. / EDITION KARTHALA

L’autorité judiciaire iranienne a confirmé, mardi 16 juillet, l’arrestation de l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah, annoncée la veille par Paris. « Elle fait partie des suspects qui ont été arrêtés récemment », a déclaré le porte-parole de l’autorité judiciaire, Gholamhossein Esmaïli, lors d’une conférence de presse à Téhéran, sans préciser la date exacte de l’arrestation.

« Etant donné la nature de l’affaire (…) le moment n’est pas encore venu de donner des informations sur son cas », a ajouté M. Esmaïli. « Si Dieu le veut, avec la poursuite de l’enquête et une fois que d’autres aspects de l’affaire auront été tirés au clair, nous donnerons des informations de façon plus transparente. »

A la question de savoir si les autorités avaient répondu à la demande, formulée par Paris, d’accès consulaire à Mme Adelkhah, M. Esmaïli a répondu là encore qu’une « décision [serait] prise au moment approprié ». L’Iran ne reconnaissant pas la double nationalité, le pays n’accorde généralement pas un accès consulaire aux détenus binationaux.

Un contexte de vive tension internationale

Dans un contexte de vive tension internationale entre Téhéran et les pays occidentaux, le Quai d’Orsay a annoncé lundi que Mme Adelkhah, éminente anthropologue associée à plusieurs réseaux scientifiques et spécialiste de l’islam chiite, était détenue en Iran.

Selon son confrère, professeur à Genève et ami Jean-François Bayart, l’arrestation de Mme Adelkhah remonterait au 5 juin et la chercheuse est depuis détenue à la prison d’Evin, dans le nord de Téhéran. Malgré la réputation sinistre du lieu, « elle a reçu la visite de sa famille, elle n’est pas maltraitée, a rapporté M. Bayart à l’Agence France-Presse (AFP). Mais je suis inquiet, car elle n’est pas de constitution très robuste. Et on ignore combien de temps va durer cette détention totalement inadmissible et inacceptable. »

« Ce qui s’est passé me préoccupe beaucoup, nous en sommes informés depuis plusieurs jours », a commenté lundi devant la presse le président français Emmanuel Macron. « J’ai exprimé mon désaccord et demandé des clarifications au président [iranien Hassan] Rohani. J’attends des retours et des clarifications », a-t-il poursuivi, regrettant qu’« aucune explication » n’ait été fournie « de manière valable ».

Chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, docteure en anthropologie de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, Fariba Adelkhah, 60 ans, collabore à plusieurs revues scientifiques comme Iranian Studies et La Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée. Elle est l’auteure de très nombreux ouvrages de référence et étudie en particulier les relations des clergés chiites d’Iran, d’Afghanistan et d’Irak, trois pays dans lesquels elle se rend régulièrement.