Le professeur Yves Lévy en compagnie de son épouse, la ministre de la santé Agnès Buzin, à Paris, en juillet 2018. / LUDOVIC MARIN / AFP

La France, critiquée pour son absence de réaction, a annoncé mardi 16 juillet la nomination d’un envoyé spécial, le professeur Yves Lévy, chargé « d’orienter » sa réponse face à l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC). Selon le ministère des affaires étrangères, Yves Lévy est un spécialiste reconnu en immunologie, ancien PDG de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui « exercera cette mission à titre bénévole ».

« L’épidémie de maladie à virus Ebola qui sévit actuellement dans l’est de la RDC est la plus grave jamais enregistrée dans le monde, après celle de 2014 en Afrique de l’Ouest » (qui avait fait 11 000 morts), a relevé un porte-parole lors d’un point de presse, s’inquiétant que « la réponse à l’épidémie [soit] aujourd’hui entravée par plusieurs facteurs, dont la situation sécuritaire difficile ».

« Face à cette situation très préoccupante, la France est déterminée à apporter une contribution renforcée aux efforts internationaux », a poursuivi le porte-parole, rappelant que, lors de sa visite à Kinshasa le 20 mai, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait annoncé « la relance d’un partenariat bilatéral (…) dans lequel le secteur de la santé, et notamment la lutte contre l’épidémie Ebola, serait une priorité ». La France promet son soutien aux ONG déployées sur le terrain et son appui scientifique et de recherche, sans annoncer de budget dédié.

1 668 morts depuis le 1er août 2018

La confirmation mardi d’un cas d’Ebola à Goma, la grande ville de l’est de la RDC, constitue « un avertissement » a estimé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réunie lundi à Genève. Le patient, un pasteur, est décédé mardi. Selon le responsable des situations d’urgence de l’OMS Mike Ryan, « c’est un avertissement parce que chaque fois que la maladie se déplace, elle peut s’établir ailleurs ».

L’épidémie, qui a fait 1 668 morts depuis qu’elle a été déclarée le 1er août 2018, était circonscrite jusqu’à présent à la région de Beni-Butembo (environ 250 km à vol d’oiseau au nord de Goma) et très marginalement dans la province voisine de l’Ituri. M. Ryan a regretté l’absence de contribution financière française, notant que « l’OMS n’a reçu aucune contribution financière de la part du gouvernement ».

Le ministre britannique du développement international, Rory Stewart, dont le gouvernement a pris la tête de la mobilisation, a également appelé les pays francophones à redoubler d’efforts lors de cette réunion. « Ce serait bien que nous ayons davantage de personnels issus des pays francophones sur le terrain. Nous avons besoin d’expertise en français, mais, surtout, nous allons avoir besoin de beaucoup d’argent, de centaines de millions de dollars pour apporter une vraie réponse et retomber à zéro [cas] cette année », a-t-il martelé.