Carlos Ghosn après sa libération sous caution, le 6 mars 2019. / KAZUHIRO NOGI / AFP

Le magnat de l’automobile déchu Carlos Ghosn a porté plainte contre les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors pour rupture abusive de son contrat au sein d’une coentreprise basée aux Pays-Bas, selon une information du Figaro confirmée, jeudi 18 juillet, par l’une de ses porte-parole en France. L’ancien PDG de Renault et Nissan réclame jusqu’à quinze millions d’euros.

Comme le rappelle le quotidien français, la filiale commune de Nissan et Mitsubishi (NMBV), qui avait été fondée en juin 2017 pour explorer les synergies entre les deux groupes, a mis fin aux fonctions de mandataire social et de salarié de Carlos Ghosn à l’issue d’une réunion de son conseil d’administration du 12 mars 2019, dans la foulée de l’arrestation de Carlos Ghosn pour des malversations financières présumées. Le même jour, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi annonçait une refonte de son fonctionnement, une dissolution prochaine de NMBV et une mise en sommeil de sa grande sœur, Renault-Nissan BV (RNBV), créée en 2002.

Si M. Ghosn a bien démissionné de chez Renault-Nissan BV, ce n’était pas le cas chez NMBV, et « la rupture de contrat serait insuffisamment motivée », selon les arguments de ses avocats rapportés par Le Figaro. Nissan a fait savoir ne pas avoir de commentaire à faire sur ce nouveau développement.

De son côté, Renault a annoncé, le 5 juin, qu’il envisageait des poursuites contre son ancien dirigeant après avoir détecté onze millions d’euros de « dépenses suspectes » au sein de RNBV, basée également aux Pays-Bas.

Une rémunération de 7,8 millions d’euros

En janvier, Nissan et Mitsubishi Motors (MMC) avaient affirmé, dans le cadre d’investigations conduites en parallèle de celles du parquet de Tokyo pour d’autres motifs, que le dirigeant, en tant qu’administrateur de NMBV, avait reçu « une rémunération totale de 7 822 206,12 euros (taxes comprises) ».

Selon Nissan – qui a dit vouloir récupérer cette somme jugée indûment perçue –, M. Ghosn « s’est signé en 2018 un contrat sans discuter avec les autres membres du conseil d’administration de NMBV », à savoir le PDG de Nissan, Hiroto Saikawa, et le PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko. « Ils n’ont pour leur part touché aucun revenu », avait alors assuré le constructeur.

Carlos Ghosn, qui dénonce depuis le début de l’affaire un « complot » ourdi par Nissan pour empêcher une intégration plus poussée de l’alliance, a donc décidé de contre-attaquer.

L’homme d’affaires franco-libano-brésilien, inculpé à quatre reprises pour d’autres malversations présumées, est actuellement assigné à résidence à Tokyo. Arrêté le 19 novembre 2018, il a passé quelque 130 jours en détention à Tokyo, accusé d’abus de confiance aggravé et de fausses déclarations aux autorités pendant son mandat chez Nissan.