Manifestation contre le franc CFA à Dakar en septembre 2016. / SEYLLOU / AFP

Le Sénégal s’est lancé dans la publication d’une volumineuse Histoire générale du Sénégal, un projet éditorial sans précédent soutenu par l’Etat qui a pour vocation de « décoloniser » la vision du passé de cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest.

Les cinq premiers volumes de cette somme, qui doit en compter 25 au total, ont été présentés, mardi, au président Macky Sall, qui avait souligné l’importance de ce projet lors de sa prestation de serment pour un second mandat le 2 avril, a-t-on appris, mercredi 17 juillet, auprès de la présidence sénégalaise et de la communauté des chercheurs.

« Il y a une impérieuse nécessité de décoloniser notre Histoire en la maîtrisant et en reconstituant par nous-mêmes et pour nous-mêmes le récit authentique de notre passé », a déclaré à cette occasion Macky Sall.

L’une des « finalités essentielles » de ce travail est de servir de base à une refonte des programmes scolaires, selon le président : « Au lieu de nous apprendre les Charlemagne et autres, ça sera l’occasion de faire connaître cette histoire dans les écoles primaires, les collèges et les universitésNe l’oublions pas, l’esclavage et la colonisation ont eu comme soubassement la négation de l’Histoire, de l’âme et de la raison du peuple noir. »

« Approche critique »

Les premiers volumes publiés portent sur la préhistoire, l’Antiquité, la construction de l’espace territorial sénégalais entre le XIe et le XVIe siècle, l’action des rois et des marabouts entre le Xe et le XXe siècle, les luttes coloniales et la consolidation du pouvoir colonial entre 1817 et 1914 ou encore la grève des cheminots de 1938, durement réprimée.

Les 20 autres volumes doivent être publiés d’ici à 2024, à raison de cinq tomes par année, a expliqué à l’AFP Mor Ndao, chef du département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et membre de la commission de rédaction.

Ce projet fait « l’état des lieux explorés par l’historiographie » et permettra de « décoloniser une partie de l’histoire », jusqu’ici extrêmement « tributaire des archives écrites laissées par les colonisateurs français », a souligné M. Ndao.

L’exercice de réécriture s’appuie sur des sources multiples, dont « les traditions orales et familiales, la toponymie, l’archéologie et les épopées, à travers une approche critique », a-t-il ajouté.

Le projet, initié en 2013, est dirigé par le professeur agrégé d’histoire Iba Der Thiam, également ancien ministre et ancien député. Soutenu par l’Etat et bénéficiant du concours de chercheurs parfois bénévoles, son coût n’a pas été rendu public.

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