Giuseppe Garibaldi à Naples, en 1861. / LIBRARY OF CONGRESS / WIKI MEDIA COMMONS

Arte
Samedi 20 juillet
20h50
DOCUMENTAIRE

Aventurier italien dont la légende a très tôt brouillé le parcours réel, Giuseppe Garibaldi (1807-1882) est d’abord le champion de la liberté et de l’indépendance des peuples. Délicat alors de restituer l’homme, débarrassé de sa mythologie.

Le lecteur dispose de la biographie de Pierre Milza (Fayard, 2012) qui, s’il reconnaît son admiration pour le chef des Chemises rouges, ne dissimule pas les péripéties brouillonnes de sa trajectoire, soulignant pareillement la bravoure épique et l’irresponsabilité de l’aventurier. On le croirait échappé d’un roman de Dumas et, de fait, l’écrivain s’est converti à l’idéal révolutionnaire et républicain au contact du chantre de l’unité italienne. Achetant des armes pour soutenir, en 1860, l’expédition des Mille – par laquelle Garibaldi visait à faciliter l’annexion du royaume des Deux-Siciles au futur royaume d’Italie –, Alexandre Dumas devient un soutien à la cause, publiant Viva Garibaldi ! Une odyssée en 1860, entre récit de voyage et reportage de guerre. C’est la suite logique des Mémoires de Garibaldi (1860) « traduits du manuscrit original » par l’auteur des Trois Mousquetaires, et qui paraissent avant même l’aventure sicilienne.

Charme donjuanesque et petites manœuvres

Car Garibaldi est un héros de roman. Né à Nice, temporairement française, il rêve d’une Italie unifiée et indépendante, épousant les idées du républicain Giuseppe Mazzini qui multiplie les tentatives insurrectionnelles dès 1833. Garibaldi, qui s’est engagé dans la marine de guerre sarde pour débaucher l’équipage, échoue à soulever Gênes (1834) et s’enfuit en Amérique latine, où il lutte pour l’émancipation des peuples. La suite est connue : de retour en Europe en 1848, il remet à plus tard le combat républicain. Luttant pour l’unité politique, il sert la cause de la maison de Savoie, qui se méfie toutefois de cet activiste révolutionnaire. Des faits d’armes – sur le lac Majeur puis pour le contrôle de Rome – et des fables qui viennent alimenter la légende (son épouse brésilienne, Anita, le rejoint et meurt bientôt, épuisée, tenue pour une martyre de la cause italienne dont le sacrifice rejaillit sur son époux). Suivent dix ans d’exil et de retrait avec l’achat, fin 1855, d’une partie de l’île de Caprera où il bâtit une villa de style sud-américain.

Lors de la deuxième guerre d’indépendance, en 1859, Garibaldi reprend du service auprès du roi de Piémont-Sardaigne. L’expédition des Mille, pour libérer la Sicile aux mains des Bourbons, retient l’attention du monde entier. Peut-être parce que Garibaldi utilise la presse comme agent de propagande… Certes, l’héroïsme de ses hommes est patent à Calatafimi, la bataille qui marque la victoire des Chemises rouges, mais le faible nombre des victimes – seulement douze – fait suspecter la corruption de l’ennemi.

S’il fait la part belle au charisme et au charme donjuanesque du héros, le documentaire ne cache pas, après la prise de Palerme en mai 1860, la tentation de l’autoritarisme de celui qui se pose en duce, ni son choix des possédants contre les démunis. Se rangeant au côté du nouveau roi d’Italie, Garibaldi n’a qu’un rêve, donner à Rome le rang de capitale ; en vain. Quand cela se produit fin 1870, lui est ailleurs. L’évocation passe sous silence son engagement dans le difficile avènement de la IIIe République, mais a le mérite de souligner le légendaire dans la geste garibaldienne. Pas au point de la périmer tant le souffle épique en reste puissant.

Garibaldi. Le combattant à la chemise rouge, réalisé par Martin Betz (All., 2018, 55 min).