Vingt-deux ans seulement, mais déjà un palmarès de vieux routiers. Les deux Américains Katie Ledecky et Caeleb Dressel seront les grands favoris des championnats du monde de natation à Gwangju, en Corée du Sud (21-28 juillet). Depuis leur arrivée dans les bassins – 2012 pour Ledecky, 2016 pour Dressel –, ils raflent tout sur leur passage. Elle a déjà décroché l’or olympique à cinq reprises, lui une fois. Elle compte quatorze sacres de championne du monde, lui sept… en une seule compétition.

Les deux nageurs ont montré cette saison qu’il faudrait compter sur eux à Gwangju. Fin mai, Ledecky a réalisé le meilleur temps de l’année en 800 m nage libre et Dressel son 100 m le plus rapide depuis l’été 2017.

Intouchables ? Peut-être plus pour longtemps. 2019 a mis en lumière des nageurs capables de les faire tomber. Petit tour d’horizon.

  • Ledecky vs Titmus, la guerre est déclarée

Katie Ledecky avant la finale du 200 m nage libre aux Mondiaux de Budapest en 2017. Elle finira deuxième, derrière Federica Pellegrini. / MICHAEL DALDER / REUTERS

En individuel, la star américaine sera alignée sur les 200, 400, 800 et 1 500 m nage libre. Elle détient trois records du monde, sur 400 (3’56”46), 800 (8’04”79) et 1 500 (15’20”48). Des Mondiaux de 2017, elle avait ramené un plein bagage de médailles : cinq en or (400 m nage libre, 800 m, 1 500 m, les deux relais 4 × 100 m et 4 × 200 m nage libre) et une en argent (200 m nage libre).

200 m nage libre : le retour de Pellegrini

Ledecky finira-t-elle deuxième, comme en 2017 ? Possible, car la championne du monde en titre, Federica Pellegrini, sera présente. Et elle est en forme. Au Trophée des sept collines à Rome en juin, l’Italienne a nagé en 1’55”42, 5e performance de l’année et, surtout, son temps le plus rapide depuis son titre à Budapest, jour où elle avait juré que ce serait le dernier 200 m de sa carrière !

Quant à l’Australienne Emma McKeon, deuxième ex aequo avec Ledecky en 2017, elle s’est imposée aux sélections australiennes en 1’54”55, le 2e chrono de la saison.

Mais la pépite, c’est l’Australienne Ariarne Titmus, qui participe à ses premiers Mondiaux. A 18 ans, elle a déjà battu le record du Commonwealth, en 1’54”30, meilleure performance mondiale de l’année.

Les autres prétendantes seront la Canadienne Taylor Ruck, qui a battu Ledecky aux Championnats pan-pacifiques de 2018, la Suédoise Sarah Sjöström, recordwoman du monde sur 50 et 100 m nage libre, et la Française Charlotte Bonnet, médaillée d’or à l’Euro 2018 (1’5495).

400 m nage libre : la pépite Titmus

Elles ne sont que deux cette année à être descendues sous la barre symbolique des quatre minutes : Katie Ledecky et Ariarne Titmus (et seulement trois dans l’histoire avec Federica Pellegrini). Aux sélections australiennes, la jeune nageuse a tourné en 3’59”35, à seulement sept centièmes du meilleur temps mondial cette saison, qui n’est autre que celui de Ledecky.

Dans la course à la médaille, il y aura une autre Américaine, Leah Smith, 5e temps cette année, les deux Chinoises Wang Jianjiahe et Li Bingjie (records respectifs à 4’03”14 et à 4’01”75) et l’Italienne Simona Quadarella, triple médaille d’or aux championnats d’Europe en 2018 sur 400, 800 et 1 500 m nage libre.

800 m nage libre : la menace Jianjiahe

Sur la distance, Ledecky a plus de marge, elle qui a réalisé la meilleure performance mondiale de l’année (8’10”70), même si quelques nageuses peuvent la titiller un peu. C’est le cas de sa compatriote Leah Smith avec un chrono de 8’16’’33 cette saison, d’Ariarne Titmus (8’18”23) ou encore de Simona Quadarella, la championne d’Europe en titre, dont le record est à 8’16”45. La plus grosse menace viendra de Wang Jianjiahe, qui a nagé en 8’14”64. Personne n’avait été aussi proche de Ledecky depuis son titre olympique de 2012.

  • Chalmers et Metella pour détrôner Dressel

Le nageur américain Caeleb Dressel lors de sa finale du 100 m papillon aux Mondiaux de Budapest en 2017. / STEFAN WERMUTH / REUTERS

Pour ses premiers Mondiaux en 2017, Caeleb Dressel avait accompli un exploit : il était le premier nageur à avoir remporté trois médailles d’or en l’espace d’une seule soirée, sur 50 m nage libre, 100 m papillon et en relais mixte 4 × 100 m nage libre. A la fin du championnat étaient venus s’ajouter quatre autres sacres : le 100 m nage libre, le 4 × 100 m nage libre hommes, et les relais hommes et mixte 4 × 100 m 4 nages. A Gwangju, il remettra trois de ses titres en jeu : les 50 et 100 m nage libre et le 100 m papillon.

50 m nage libre : Dressel en tête

Sur cette distance, difficile de faire un pronostic tant les écarts sont minuscules. Néanmoins, c’est Dressel qui est en tête des bilans mondiaux avec ses 21”15. Il devra se méfier du Brésilien Bruno Fratus, constant dans le sprint : un meilleur temps cette saison à 21”31 et un record à 21”27. Le Britannique Benjamin Proud, en or à l’Euro 2018 (21”34), ne sera pas en reste non plus. Le Russe Vladimir Morozov, 4e performeur mondial cette saison, et les deux hommes qui avaient complété le podium de l’Euro 2018, l’italien Andrea Vergani et le grec Kristian Golomeev, seront aussi de la partie.

100 m nage libre : à la bagarre avec Chalmers

La bataille sur l’épreuve reine se jouera entre Caeleb Dressel et l’Australien Kyle Chalmers, médaillé d’or à Rio et meilleur performeur mondial de l’année en 47”35. Les prétendants au titre devront probablement descendre sous les 48 secondes. Outre Chalmers, ils sont quatre à l’avoir fait cette saison : Dressel (47”68, 4e temps 2019), le Britannique Duncan Scott (47”87), le Brésilien Marcelo Chierighini (47”68) et le Russe Vladislav Grinev (47”43). Le Français Mehdy Metella aura aussi ses chances, lui qui avait terminé 3e à Budapest derrière Caeleb Dressel et Nathan Adrian, à deux centièmes de l’argent (47”89). A l’Euro l’an passé, il a aussi empoché le bronze.

100 m papillon : Metella pour le titre

Sur cette distance, s’il y a bien un nageur qui peut prétendre au titre, c’est le Français Mehdy Metella. Lors des championnats de France en avril, le vice-champion d’Europe a pulvérisé le record national en 50”85, s’offrant au passage la meilleure performance mondiale de l’année, avant que Caeleb Dressel ne repasse devant, en juin, avec un chrono de 50”36. La bataille sera féroce et on pourra compter sur des spécialistes de la nage comme l’Anglais James Guy ou le Sud-Africain Chad Le Clos pour pimenter la course.

Pour Ledecky comme pour Dressel, la concurrence sera rude. C’est peut-être la première fois qu’elle sera aussi relevée depuis leur entrée dans les bassins. A Gwangju, ils tenteront tous deux de ramener un titre dans chacune des courses sur lesquelles ils s’aligneront. Afin de prolonger la légende.