Podium du 400 m masculin aux Championnats du monde de natation, dimanche 21 juillet. / Mark Schiefelbein / AP

L’image résume le vif malaise qui a régné, dimanche 21 juillet, aux Championnats du monde de natation, dimanche à Gwangju (Corée du Sud). On y voit le podium du 400 m masculin, où trône sur la première marche le Chinois Sun Yang. Mais à ses côtés, c’est sans monter sur le podium que l’Australien Mack Horton, visage fermé et mains croisées dans le dos, a choisi de recevoir sa médaille d’argent.

La raison de cette attitude détonante ? Tout simplement la présence de Sun Yang dans le bassin coréen. En septembre dernier, le nageur chinois s’était fait remarquer pour avoir détruit à coup de marteau un échantillon sanguin au cours d’un contrôle inopiné. Un coup de sang qui ne lui a pas valu de sanction de la part de la Fédération internationale de natation (FINA), à la grande surprise de nombreux nageurs.

« Je n’ai pas de respect pour les dopés »

« Vraiment, c’est louche et assez dingue que ça arrive ! », avait dénoncé la championne américaine Lilly King dès vendredi. Pour l’Australien Mack Horton, la surprise est d’autant plus grande qu’elle lui a coûté la première place. Son sentiment ? « De la frustration, je pense que vous savez pourquoi, a lâché Horton. Je crois que ses actions et la manière dont c’est géré sont plus lourdes de sens que tout ce que je pourrais dire. »

A Rio en 2016, quand il avait privé Sun du titre olympique sur 400 m, l’Australien avait été on ne peut plus clair : « Je n’ai pas de respect pour les dopés », avait-il tranché. « Je suis au courant des rumeurs, mais je me concentre sur la natation. Je sais qu’il a un problème personnel avec moi, c’est malheureux, me manquer de respect, ok, mais manquer de respect à la Chine, c’est regrettable », a répondu Sun, vainqueur du 400 m pour la quatrième fois consécutive, en 3 min 42 sec 44.

Le feuilleton Sun n’est pas terminé. A Gwangju, il est encore inscrit sur 200 m et 800 m. Ce n’est qu’après, en septembre, qu’il devra se présenter devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), l’Agence mondiale antidopage (AMA) ayant fait appel de la décision de la FINA.

Ledecky détrônée

Un tout autre feuilleton a connu un rebondissement spectaculaire dès la première journée des courses en bassin : celui de l’hégémonie sans partage de Ledecky, quintuple championne olympique et quatorze fois championne du monde à 22 ans seulement, ce qui en fait la nageuse la plus titrée aux Mondiaux de l’histoire. Jamais, sur 400 m, Ledecky n’avait connu la défaite dans un championnat majeur.

Après un sacre olympique, trois mondiaux et deux aux Championnats panpacifiques, c’est la jeune Australienne Ariarne Titmus, 18 ans seulement, qui l’a fait tomber de son piédestal, au prix d’une époustouflante remontée dans la dernière longueur. La jeune pousse s’est imposée en 3 min 58 sec 78, avec 1 sec 21/100 d’avance sur son aînée.

« Ca pique un peu, bien sûr, je n’ai pas l’habitude », reconnaît Ledecky, qui a soigneusement évité Titmus en sortant de l’eau. L’avènement de Titmus n’est toutefois pas une surprise : celle qui a quitté sa Tasmanie natale, avec sa famille, pour s’installer à Brisbane s’affirme depuis un an comme une rivale à sa mesure sur la distance. Trois fois déjà, elle avait nagé en moins de quatre minutes. La première fois l’été dernier, lors des « Panpacs » à Tokyo, où elle avait, déjà, poussé Ledecky dans ses retranchements. Les deux se retrouveront dès mardi sur 200 m. Ca promet.