Supporters algériens dans les rues de la capitale, pour accompagner le bus des joueurs, le 20 juillet 2019, après la victoire à la Coupe d’Afrique des Nations 2019 (CAN).- (Photo by - / AFP) / - / AFP

Perdants ou gagnants, joueurs algériens comme sénégalais ont été accueillis en héros à leur retour ce samedi. Les deux capitales ont fêté leur équipe nationale finaliste de la 32e Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui s’est terminée vendredi au Caire par le sacre de l’Algérie (1-0).

« Champions ! champions ! », a scandé samedi à Alger une immense foule aux couleurs vert et blanc venue acclamer leurs victorieux Fennecs. Leur car a été contraint de rouler au pas pour laisser le temps aux dizaines de milliers de fans de s’approcher de leurs héros, rentrés avec un deuxième trophée africain, 29 ans après le premier, conquis à domicile par leurs aînés.

Même accueil triomphal à Dakar pour les Lions de la Teranga qui eux aussi ont eu droit aux honneurs de leur pays. Meurtris par leur défaite, les joueurs du Sénégal ont retrouvé le sourire samedi lors d’un retour triomphal à Dakar, où ils ont eux aussi été acclamés par une foule immense tout au long d’une traversée en bus de la capitale. Un moment qui restera gravé dans les mémoires.

Reçus par Macky Sall

Arrivés en provenance du Caire à l’aéroport Léopold Sédar Senghor à 16 h 00 (GMT et locale), Sadio Mané et ses coéquipiers ont embarqué à bord d’un autocar blanc, pour se rendre au Palais de la République, où ils ont été reçus par le président Macky Sall.

Le trajet, d’une quinzaine de kilomètres, s’est déroulé au pas et a duré plus de quatre heures. Descendus des quartiers de Yoff, de la Médina, de HLM ou de Colobanne, les Dakarois ont accompagné le cortège à pieds, à moto ou juchés sur des voitures, empruntant l’autoroute urbaine menant jusqu’au cœur historique de la capitale ou s’agglutinant sur les ponts surplombant le passage des joueurs.

Emergeant par moments du toit de l’autocar, les « Lions » se prenaient en photo, semblant ébahis à la vue de ces milliers de supporters agitant des drapeaux, dansant et sautant au son des vuvuzelas et reprenant en cœur « Dieureudieuf Sénégal ! » (Merci Sénégal, en langue nationale wolof).

Les Sénégalais, forts de leur statut de mondialiste, de première nation africaine au classement FIFA, et de l’apport de son champion d’Europe Sadio Mané (Liverpool) étaient encore persuadés la veille de pouvoir enfin vaincre à l’occasion de la deuxième finale continentale de leur histoire, après celle perdue en 2002 face au Cameroun.

Mais les espoirs d’un peuple féru de foot ont été douchés dès la 79e seconde par tir dévié en cloche de l’Algérien Baghdad Bounedjah. « La chance ne nous a pas souri, mais j’espère que ça sera pour la prochaine fois », a réagi Sadio Mané, en évoquant sa « tristesse », à sa descente de l’avion mais qu’on a pu voir un peu plus tard, torse nu, serrer des mains à travers une fenêtre de l’autocar, un grand sourire aux lèvres.

A Alger, le bus triomphant frappé des deux étoiles et de l’inscription « nous sommes fiers de vous », escorté par un nombre important de motards et de véhicules de la police, a eu aussi bien du mal à progresser dans une foule en liesse. Les 23 joueurs et leur entraîneur juchés sur un bus à impériale ont mis plus de quatre heures pour parcourir les 15 km séparant l’aéroport du centre-ville.

Communion totale

« Je voulais voir si ces joueurs étaient des hommes normaux ou des êtres venus d’une autre planète », a confié Samia, 74 ans, toute de blanc vêtue, comme si elle était à une fête de mariage et venue de Blida avec son fils pour l’occasion. Et lorsque le bus a atteint enfin la place du 1er mai, une clameur immense a éclaté. En totale communion avec leurs fans, les joueurs se sont mis à entonner avec eux des chants à la gloire du pays. « Eh, oh, saluez nos héros, ce n’est que le début, la suite est à venir », chantaient-ils en arabe à la gloire du pays et de la sélection nationale.

Si à Dakar l’accueil a aussi été très chaleureux, il restait quand même le pincement au cœur de cette victoire si proche et qui a une nouvelle fois échappé aux Lions. « Nous sommes très heureux de revenir au pays, mais on aurait aimé ramener la coupe pour ce peuple, ces supporters », a déclaré le coach Aliou Cissé. « Les joueurs se sont donnés à fond, c’est un honneur pour moi d’entraîner ces garçons », a ajouté l’ancien capitaine des Lions, finaliste malheureux de la CAN en 2002.

« On aurait bien aimé revenir avec la coupe », alors que le Sénégal n’a jamais remporté de trophée majeur, a ajouté le milieu offensif Papa Alioune N’Diaye, « déçu » comme plusieurs de ses coéquipiers. Pour le président de la Fédération sénégalaise, Augustin Senghor, les « sentiments sont mitigés », entre la joie d’avoir « franchi plusieurs étapes » lors de cette CAN et la « forte déception » d’avoir raté la dernière marche. « On ne va pas abdiquer, la prochaine fois, on ira la chercher », a-t-il promis.