C’est une nouvelle étape pour accélérer les procédures d’expulsion contre les migrants sans papiers. Le gouvernement américain a autorisé, mardi 23 juillet, la police à renvoyer les personnes entrées illégalement aux Etats-Unis depuis deux ans, sans passer devant un juge.

Jusqu’ici, un immigré clandestin pouvait être expulsé directement seulement s’il était arrêté dans les deux semaines après son arrivée sur le territoire. Cette mesure, entrée en application après sa parution au Federal Register (le journal officiel des Etats-Unis), étend de quatorze jours à deux ans la période de séjour illégal pendant laquelle un sans-papiers peut être expulsé sans avoir à comparaître devant un juge de l’immigration.

Le nouveau texte étend également les expulsions rapides au pays entier, alors qu’elles étaient auparavant limitées à une zone de 100 miles (161 km) à vol d’oiseau depuis les frontières terrestres américaines.

« Un outil supplémentaire »

Cette modification de la loi sur l’immigration et la nationalité « est un outil supplémentaire » pour « affronter la crise sécuritaire et humanitaire actuelle à la frontière sud-ouest et à travers le pays », a expliqué Kevin McAleenan, ministre par intérim de la sécurité intérieure (DHS), dans un communiqué. Elle « fait bien comprendre que, si vous n’avez pas l’autorisation légale d’être ici, nous vous expulserons », a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis sont confrontés depuis plus d’un an à une crise migratoire à leur frontière avec le Mexique, franchie chaque mois par des dizaines de milliers de personnes originaires d’Amérique centrale fuyant violence et misère dans leur pays. Selon le centre de recherche Pew, quelque 10,5 millions de personnes vivaient illégalement aux Etats-Unis en 2017 – dont près des deux tiers y sont installées depuis plus de dix ans.

Selon le site Trac Immigration, qui surveille l’activité des tribunaux de l’immigration, un clandestin doit actuellement attendre sept cent treize jours en moyenne, soit près de deux ans, pour comparaître devant un juge, qui décide éventuellement de son expulsion. Près d’un million de dossiers sont en souffrance.

Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration illégale l’une de ses priorités. Il a annoncé le lancement, le 14 juillet, d’une vaste opération « anticlandestins » avec l’objectif d’arrêter quelque 2 000 personnes en situation irrégulière et visées par un ordre d’expulsion, dans une dizaine de villes du pays. Selon un responsable de la police de l’immigration (ICE) cité mardi par les médias américains, seuls 35 migrants ont été, pour l’instant, arrêtés.

Comprendre l'immigration clandestine en une carte
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