Des migrants attendent de déposer leur demande d’asile, au poste-frontière d’El Chaparral, près de Tijuana, le 20 juillet. / CARLOS JASSO / REUTERS

Depuis que la Maison Blanche a décidé de restreindre encore le droit d’asile, le 15 juillet, plus de 13 000 migrants qui étaient déjà arrivés à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis sont dans l’incertitude sur leur sort. Si la nouvelle circulaire est appliquée, ils sont promis à se voir dénier le simple dépôt de leur dossier, alors qu’ils attendent leur tour depuis des mois.

Le texte stipule que les demandes d’asile déposées par des migrants ayant transité par un pays tiers ne sont plus acceptées, mettant fin, de facto, au droit d’asile pour les Centraméricains arrivant à pied. « Cela ne peut pas être plus en contradiction avec les lois américaines ou le droit international », estime Lee Gelernt, de l’Union américaine des libertés civiles, qui a porté plainte le 17 juillet devant un tribunal fédéral de San Francisco. « C’est la dernière version d’un plan systématique pour dissuader illégalement les demandeurs d’asile de chercher refuge à nos frontières », accuse le Center for Constitutional Rights, qui s’est joint aux poursuites.

Les associations accusent l’administration d’avoir créé les conditions d’une crise par son assaut contre le droit d’asile, alors que les arrivées de migrants n’avaient jamais été aussi peu nombreuses en vingt ans (400 000 migrants appréhendés pour l’année fiscale 2018, contre 1,6 million en 2000). Exemple : l’annonce que la menace des gangs ne serait plus une justification suffisante pour obtenir l’asile – mesure suspendue par la justice. Ou la réduction du nombre de dossiers examinés à la frontière, ce qui a créé un embouteillage côté mexicain.

Nouveau plan d’« expulsion accélérée »

Cette politique de restrictions a eu l’effet inverse. Au printemps, des milliers de candidats à l’asile se sont précipités sur les routes du Mexique. L’administration a été débordée (plus de 100 000 migrants ont été interpellés en juin). Le spectacle de « caravanes » en route vers les Etats-Unis, l’entassement dans les centres et le traitement réservé aux enfants ont donné à M. Trump l’occasion de rejeter la responsabilité de la crise sur les démocrates du Congrès.

Lundi 22 juillet, le gouvernement a annoncé un plan d’« expulsion accélérée » qui permettrait de renvoyer les demandeurs d’asile présents depuis moins de deux ans sur le sol américain sans intervention d’un juge de l’immigration. Pierre finale de l’édifice, le projet de revenir sur l’interdiction de maintenir les enfants plus de vingt jours en détention. Une politique en vigueur depuis vingt ans mais que Stephen Miller, l’architecte de la politique anti-immigration à la Maison Blanche, aurait l’intention de mettre à bas dans le cadre de ce que les associations estiment être une tentative de « réécrire radicalement la politique migratoire des Etats-Unis en dehors du Congrès ».