François de Rugy lors de la cérémonie de passation des pouvoirs, le 17 juillet 2019 à Paris. / ALAIN JOCARD / AFP

« Je me présente devant vous ce soir en homme blanchi. » Durant une intervention de quelques minutes au journal télévisé de France 2, mardi 23 juillet, l’ancien ministre de la transition écologique s’est affiché en homme politique libéré de tout soupçon, taclant, au passage, le site d’information Mediapart, à l’origine d’une série de révélations ayant conduit à sa démission le 16 juillet.

Dîners fastueux aux frais de l’Assemblée nationale, coûteuse rénovation de son logement de fonction, location d’un logement social, utilisation de son indemnité de député pour payer une partie de la cotisation de son parti… Pour François de Rugy, qui a porté plainte contre le journal d’investigation la semaine dernière, tout n’a été que diffamation. « Je n’ai jamais douté que j’arriverai à prouver mon honnêteté », a-t-il déclaré au journal de 20 heures.

M. de Rugy a dénoncé, au passage, un journalisme de « démolition », qui « ne vise pas un sujet, mais un homme ». « Il n’y a jamais eu d’affaire de Rugy. Aujourd’hui, il y aura une affaire “Médiapart” », a-t-il averti.

Dîners à caractère amical

Alors que l’ancien ministre avait prévenu qu’il préparait « d’arrache-pied sa contre-offensive avec son avocat », deux rapports distincts – de l’Assemblée et du gouvernement – publiés mardi ont estimé qu’il n’y avait eu « aucune irrégularité » en matière de dépenses, même si le niveau de certaines prestations a été jugé « manifestement excessif ». L’enquête du secrétariat général du gouvernement sur les travaux dans son ex-logement de fonction a, dans l’ensemble, validé les dépenses engagées par l’ancien ministre.

Celui du secrétaire général de l’Assemblée nationale, portant sur une dizaine de dîners fastueux à l’hôtel de Lassay lorsque François de Rugy était président de l’institution, n’a relevé « aucune irrégularité », en épinglant toutefois trois dîners familiaux ou amicaux que M. de Rugy s’est engagé à rembourser. « Tout a été fait dans les règles et les usages de l’Assemblée, tous ces dîners étaient dans le cadre de mes fonctions », a encore assuré M. de Rugy sur le plateau de France 2.

Après la publication de ses rapports, Mediapart affirme, une fois de plus, par de nouveaux éléments, dans un article paru mardi 23 juillet, que ces dîners présentaient bien un caractère amical et qu’il ne s’agissait pas de soirées professionnelles.

« Une avance de trésorerie »

S’agissant de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) qu’il aurait utilisée pour payer ses cotisations à son parti de l’époque, Europe Ecologie-Les Verts (EELV), François de Rugy a assuré mardi qu’il ne s’agissait que d’une simple « avance de trésorerie ». Il a remboursé, dit-il, dès 2014 et 2015, avec son compte personnel, le montant de ces cotisations.

Selon Le Canard enchaîné à paraître mercredi 24 juillet, l’ex-ministre s’est rendu lundi à l’agence du Crédit coopératif de Nantes pour récupérer les relevés de son compte bancaire dédié à l’IRFM. Selon l’hebdomadaire, ces documents montrent qu’effectivement, en 2013 et 2014, M. de Rugy a effectué, au profit d’EELV, deux versements correspondant à des cotisations, depuis ce compte IRFM, pour un total de 9 200 euros. Ces paiements ont été déduits du calcul de son impôt sur le revenu au titre de l’année 2015, selon son avis d’impôt consulté par Mediapart, qui indiquait qu’il n’avait pas réglé d’impôts cette année-là.

Selon Le Canard enchaîné, deux remboursements ont suivi depuis son compte personnel : de 6 500 euros le 20 août 2014, puis de 3 200 euros le 23 juillet 2015, soit 9 700 euros en tout. « Si j’avais eu accès immédiatement à mes relevés bancaires – ce qui était impossible –, je n’aurais pas démissionné », a assuré M. de Rugy au Canard enchaîné. « Il ne s’agit donc que d’une avance de trésorerie, a plaidé l’ancien ministre sur France 2, une avance sans conséquence ni du point de vue fiscal ni [du point de vue] moral. »

Le ministre a aussi souligné sur le plateau qu’il ne regrettait pas son départ, disant faire passer « l’intérêt collectif », « le sens de l’Etat », avant son intérêt personnel.