Gilles Le Gendre, le 7 mars à l’Assemblée nationale. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

A mi-mandat, voici venu le temps du renouvellement des postes-clés au Palais Bourbon pour le groupe La République en marche (LRM). L’élu de Paris Gilles Le Gendre a été reconduit, mardi 23 juillet, à la tête des députés de La République en marche (LRM), dès le premier tour d’un vote interne.

Le président du groupe macroniste depuis septembre 2018 a recueilli 161 voix sur 295. Il faisait face à cinq concurrents : Florent Boudié (ex-PS), qui a récolté 76 suffrages, Olga Givernet (28), Perrine Goulet, alliée à l’ex-LR François Jolivet (17), Christophe Jerretie (12) et la plus discrète Stéphanie Do, qui a recueilli une voix.

Trois présidents de commission ont été reconduits également au premier tour :

  • Roland Lescure aux affaires économiques
  • Barbara Pompili au développement durable
  • Bruno Studer aux affaires culturelles

En outre, Florian Bachelier a été réélu questeur de l’Assemblée, chargé de sa gestion, et Jean-René Cazeneuve président de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation. Pieyre-Alexandre Anglade a été élu président de la commission des affaires européennes, mais les intentions de l’actuelle titulaire Sabine Thillaye, qui ne voulait mettre son mandat en jeu qu’en décembre, n’étaient pas connues dans l’immédiat.

« Respiration » et « émulation »

Pour le second tour, qui se tiendra mercredi de 10 heures à 14 heures, les autres présidents sortants des commissions sont tous encore en lice : Brigitte Bourguignon aux affaires sociales face à Fiona Lazaar, Yaël Braun-Pivet aux lois face à Laetitia Avia, et Jean-Jacques Bridey à la défense face à Françoise Dumas. Un poste de questeur et deux postes de vice-présidents de l’Assemblée restent aussi à pourvoir, dont celui d’Hugues Renson, qui est sortant, opposé à Sacha Houlié.

Le principe du renouvellement à mi-mandat avait été décidé en juin 2017 pour apporter « respiration » et « émulation », alors que Richard Ferrand était à la tête des députés macronistes. Les sortants ne devaient initialement pas pouvoir se représenter pour ces postes-clés, mais ils le peuvent finalement.

Huit mois après son arrivée à la tête du groupe majoritaire, Gilles Le Gendre parvient ainsi à rester en poste. Ces dernières semaines, il apparaissait pourtant fragilisé. N’étant jamais parvenu à faire l’unanimité auprès de ses troupes, il devait faire face à un double front. D’un côté, une partie des quelque 304 députés macronistes, qui lui reproche de manquer d’« autorité » et de « leadership », voulait le pousser vers la sortie.

De l’autre côté, Matignon l’avait également dans son viseur. Depuis plusieurs semaines, l’entourage du premier ministre parle de M. Le Gendre comme d’un « problème ». « C’est un naufrage. Il n’est bon ni sur le plan opérationnel ni sur le plan médiatique », assenait ainsi récemment un proche du chef du gouvernement, évoquant « une relation ni franche, ni sympathique, ni efficace » entre le chef de la majorité et celui du groupe majoritaire.

Polémique et maladresse

Un épisode est particulièrement resté en travers de la gorge du chef du gouvernement : le 3 avril sur Europe 1, le député de Paris s’était permis de le recadrer publiquement, en jugeant « pas absolument indispensable » d’ouvrir le débat sur la retraite à 62 ans et se targuant, en outre, de partager, au nom de son groupe, « l’exaspération du président de la République » à ce sujet.

M. Le Gendre s’était également trouvé au cœur d’une polémique à cause de la nomination de sa femme, Raphaële Rabatel, comme directrice de la communication de la Française des jeux… Groupe dont la privatisation figure au cœur du projet de loi Pacte, que la majorité était sur le point d’adopter.

Affaibli, l’ancien journaliste âgé de 60 ans gardait toutefois des atouts dans sa manche. En particulier celui de rester populaire auprès de la majorité silencieuse des députés LRM, plus discrète, qui l’avait porté à la tête du groupe. Depuis son élection, il s’est entouré de personnalités peu médiatiques et a veillé à donner leur place à des députés plus effacés.

Surtout, le Parisien disposait d’un atout majeur : l’absence de rival crédible. Qui aurait envie d’aller occuper ce poste exposé aux coups bas ? « Même si Le Gendre ne fait pas l’affaire, on n’a personne pour le remplacer », analysait ainsi un poids lourd de la majorité. Avant de résumer : « C’est ce qui peut le sauver. »