A la faveur des incidents qui ont émaillé la trajectoire victorieuse de l’Algérie lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), une partie de la droite dure et de l’extrême droite ont affiché ces derniers jours une seule ligne sur les questions d’identité, nourrissant un emballement qui a culminé au cours du week-end autour du meurtre du chercheur guinéen Mamoudou Barry.

Depuis le début de la compétition, certains élus Les Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) multiplient les prises de parole relayant un message univoque : les incidents constatés en marge des victoires successives de l’équipe des Fennecs sont la preuve de l’échec de l’intégration, de la montée du communautarisme.

Après des dégradations lors de la demi-finale, un accident de la circulation meurtrier le soir des quarts de finale, Marine Le Pen a fustigé, vendredi 19 juillet, des actes qui « doivent s’interpréter comme la volonté pour certains de marquer leur territoire comme pour indiquer qu’en France, c’est maintenant eux qui entendent faire la loi », et appelé à limiter l’immigration. Samedi, le député LR des Alpes-maritimes Eric Ciotti a déploré que la place Masséna de Nice soit couverte de drapeaux algériens. « Ici, nous n’avons qu’un seul drapeau : le drapeau français », a-t-il écrit. A l’Assemblée, le chef de file des députés LR Christian Jacob a demandé dans la semaine des comptes au ministre de l’intérieur Christophe Castaner sur le maintien de l’ordre les soirs de match ; le député RN du Pas-de-Calais Bruno Bilde en a fait de même par écrit.

Messages précipités

Un emballement qui a abouti à la diffusion de plusieurs messages précipités après l’agression de Mamoudou Barry en banlieue de Rouen. La finale passée, alors que les circonstances de la mort du trentenaire restaient floues, M. Ciotti a dénoncé « un crime raciste perpétré par des supporteurs algériens ». Cette affirmation tournait également en boucle sur les réseaux sociaux des élus RN.

L’enquête est en fait toujours en cours. Elle devra déterminer les circonstances exactes de la mort de M. Barry que ses proches disent victime d’un acte raciste. Un suspect interpellé lundi est un Français d’ascendance turque aux antécédents psychiatriques. « Et si on parlait d’un véritable acte raciste commis en France vendredi dernier ? », avait lancé le député Julien Aubert, dimanche, avant l’arrestation de l’individu. Ce dernier assume d’avoir aussi voulu allumer un contre-feu à la polémique autour des propos de l’eurodéputée LR Nadine Morano, accusée de racisme à l’égard de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye – elle a fait état notamment de « tenues de cirque » et évoqué la date de son acquisition de la nationalité française. « Je trouvais incroyable que l’on crie au racisme pour Nadine Morano, dit-il au Monde. Là, force a été de reconnaître que c’est un acte raciste. »

Sur fond de proximité des droites, d’anciens collègues ayant rejoint Mme Le Pen ont profité de cette agitation pour faire des appels du pied aux élus LR. « Chère Nadine Morano, dans ce monde vivant sous la terreur du politiquement correct, seuls sont désormais critiquables les ressortissants blancs européens, masculins, hétérosexuels et catholiques d’âge moyen », lui a lancé, lundi 22 juillet, l’eurodéputé RN Thierry Mariani.