Yannick Borel, Ronan Gustin, Alexandre Bardenet et Daniel Jérent (de gauche à droite) célèbrent leur victoire après avoir battu l’Ukraine en finale de l’épée par équipes aux Mondiaux de Budapest lundi 22 juillet. / BALAZS CZAGANY / AP

C’est à l’image d’une équipe de France en pleine confiance que les épéistes tricolores ont conclu ces championnats du monde d’escrime, le 22 juillet à Budapest : en décrochant l’or, deux ans après leur dernier titre, et après plusieurs mois d’errance.

L’objectif des Bleus aux Mondiaux était simple : faire mieux que lors de la dernière édition à Wuxi en Chine (quatre médailles et quatrièmes au classement général) et marquer des points en vue de la qualification pour les Jeux olympiques de 2020. Mission accomplie : la France compte cinq podiums et se classe deuxième nation, derrière la Russie, engrangeant ainsi pas mal de points pour Tokyo.

« C’est un bilan très satisfaisant, affirme Stéphane Marcelin, directeur des équipes de France. Les tireurs sont dans la suite logique des championnats d’Europe où nous avions ramené huit médailles. L’escrime française est en bonne santé. »

Une semaine, deux titres, cinq médailles

C’est Pauline Ranvier qui a ouvert le bal avec une médaille d’argent au fleuret. Deux jours plus tard, Enzo Lefort était sacré champion du monde dans la même arme : ce n’était plus arrivé depuis le titre de Philippe Omnès en 1990. Médaillé de bronze aux Mondiaux 2014 et aux championnats d’Europe il y a un mois, le Français continue de progresser. Plus généralement, le fleuret tricolore se porte très bien, avec un finish en beauté grâce à l’argent pour les hommes en équipe. Les féminines, vices-championnes d’Europe, ont quant à elles fini au pied du podium, en cèdant face aux Américaines (43-45).

Si le sabre hommes a fait chou blanc, les femmes par équipe ont rehaussé le niveau en devenant vice-championnes du monde. Dans un remake de leur parcours de 2018, Charlotte Lembach, Cécilia Berder et Manon Brunet ont évacué la Corée du Sud en demi-finales pour affronter la Russie en finale, qu’elles n’ont pas réussi à battre une deuxième fois.

La dernière médaille est donc d’or, et au cou des épéistes. Yannick Borel, le champion du monde en titre, aura quand même des regrets, puisqu’il a été éliminé en quarts en individuel. Les féminines Marie-Florence Candassamy et Coraline Vitalis, qui avaient réalisé un doublé à l’Euro, n’ont pu réitérer l’exploit. Mais pour Stéphane Marcelin, il ne ressort que du positif de cette compétition : « On n’a ni déceptions ni inquiétudes. L’équipe de France dans son ensemble est un collectif soudé. »

La délivrance du côté des épéistes

S’il y a une médaille sur laquelle il faut s’arrêter, c’est bien celle des « Invicibles », qui reviennent de loin. Surnommés ainsi pour leur incroyable palmarès (six titres mondiaux entre 2005 et 2011 et l’or olympique en 2004, 2008 et 2016), ils connaissaient depuis quelque temps un passage à vide : l’un des piliers de l’équipe, Daniel Jérent, avait été suspendu à cause de trois « no-shows » (non-présentation à des contrôles antidopage). Sans lui, l’équipe avait été deux fois éliminée en huitièmes de finale en Coupe du monde et avait fini à la onzième place aux championnats d’Europe il y a un mois.

Il fallait donc impérativement que les Bleus se ressaisissent. Tâche à laquelle ils n’ont pas failli : ils ont éliminé la Corée, vice-championne du monde en quarts, puis la Suisse, championne du monde en titre en demi. Yannick Borel, Daniel Jérent de retour, Ronan Gustin et Alexandre Bardenet se sont ensuite imposés en finale face aux Ukrainiens (45 à 37).

Tout s’est joué dans le dernier relais, que les deux équipes ont abordé sur une égalité parfaite (35-35). L’ancien champion du monde Yannick Borel a réussi à prendre l’ascendant sur son adversaire, et lui a infligé une belle correction : 10- 2, avec l’or au bout.

« Le retour de Daniel Jérent a été un élément favorisant dans l’équipe pour aller chercher cette couronne mondiale, reconnaît Stéphane Marcelin. Dans cette arme, au-delà du retour de Jérent, il fallait redéfinir les rôles de chacun, ce que la DTN a fait. Aujourd’hui, tout semble en ordre de marche pour se préparer à Tokyo. »

Avec ce nouveau sacre planétaire, le onzième sur les dix-huit dernières éditions, les épéistes tricolores ont fait un pas de géant vers la qualification olympique.

Des Bleus très bien partis pour les Jeux

L’objectif des Mondiaux était aussi de marquer des points pour la qualification aux Jeux de Tokyo. Les quatre premières nations par armes iront au Japon ainsi que la première de chaque continent. Les Mondiaux, rapportant le double de points que toutes les autres compétitions, soit les cinq coupes du monde et le tournoi continental, étaient à ce titre essentiels.

Et après une semaine de compétition, la machine est bien lancée. Sur six armes, quatre se situent dans les quatre premières nations mondiales : le fleuret hommes (2e) et dames (4e), l’épée hommes (1re) et le sabre dames (2e). « Aujourd’hui, ces quatre armes sont en position très favorables pour la qualification, explique Stéphane Marcelin. L’objectif est bien sûr de qualifier les six. Si le sabre hommes et l’épée dames ne sont pas dans une position favorable, mathématiquement la qualification reste possible. » S’ils n’y parviennent pas par équipes, les tireurs pourront encore tenter leur chance en individuel.

Resteront pour cela les quatre coupes du monde, entre novembre et mars. Mais rien ne presse. « Pour l’instant nous allons partir un peu en vacances car la saison a été longue et intense, confie Stéphane Marcelin. Les organismes ont besoin de souffler. »