Des autocollants à l’effigie d'Estelle Mouzin diffusés lors d’une marche silencieuse, le 10 janvier 2004 dans les rues de Guermantes. / JEAN-PIERRE MULLER / AFP

La Cour de cassation a accepté de dépayser de Meaux à Paris l’enquête sur la disparition en 2003 d’Estelle Mouzin, après la réouverture de la piste du tueur en série Michel Fourniret, a-t-on appris jeudi 25 juillet. La requête émanait de la procureure générale de Paris et était motivée « par le souci de favoriser la manifestation de la vérité ».

Après avoir toujours nié être lié à cette disparition, Michel Fourniret avait livré des « aveux en creux » début 2018 face à la magistrate parisienne chargée de mener les investigations dans un autre dossier, concernant la disparition de deux femmes en 1988 et 1990, selon l’une des avocates du père d’Estelle Mouzin.

Depuis la disparition d’Estelle Mouzin, à l’âge de 9 ans, alors qu’elle rentrait de l’école en janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne), l’hypothèse que Michel Fourniret soit impliqué a été plusieurs fois été explorée, sans succès. Début 2007, la police avait une première fois mis « l’ogre des Ardennes » hors de cause dans cette affaire. Six ans plus tard, l’expertise de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture n’avait pas non plus permis de trouver de trace d’Estelle. Interrogé par les enquêteurs fin 2017, Fourniret avait une nouvelle fois affirmé n’avoir « rien à voir avec l’affaire » Mouzin.

L’Etat attaqué pour « faute lourde »

Mais, en mars 2018, Corinne Hermann, l’une des avocates du père de la fillette, qui se bat depuis des années pour que cette piste soit davantage explorée, avait affirmé que le tueur en série avait livré des « aveux en creux » sur son implication dans cette disparition. Ce mois-là, le tueur avait déclaré devant les policiers qui l’interrogeaient sur Estelle Mouzin qu’« il y a là quelque chose à creuser ». Des fouilles sur un terrain ayant appartenu au tueur en série à Floing (Ardennes) en décembre n’ont pas abouti, tout comme la piste Nordahl Lelandais, du nom du suspect de l’affaire Maëlys.

De son côté, le père d’Estelle a attaqué l’Etat pour faute lourde en raison de sa « mauvaise gestion » du dossier de la disparition de sa fille. Les avocats d’Eric Mouzin avaient cependant été déboutés en mai de leur demande de décharger la police judiciaire de Versailles de l’enquête.

Condamné une première fois à la perpétuité en 2008 pour sept meurtres de jeunes femmes ou d’adolescentes, Michel Fourniret, 76 ans, a reconnu en février avoir tué deux autres jeunes femmes disparues dans les années 1990 dans l’Yonne, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece.