Les gens se rafraîchissent dans les fontaines des jardins du Trocadéro, devant la tour Eiffel, à Paris, le vendredi 28 juin 2019. / LEWIS JOLY / AP

Après la canicule qui a fait tomber les records en cascade, jeudi 25 juillet, les températures ont chuté vendredi, laissant place à un temps orageux. L’alerte « rouge canicule » a été levée vendredi matin dans les derniers départements français concernés.

En fin de journée, vingt-sept départements étaient encore en vigilance « orange » canicule ou orage, alerte devrait être levée d’ici à samedi. D’ici là, les températures pourraient encore atteindre « entre 34 et 37 °C » dans l’Est, avertit Météo-France, mettant en garde contre la survenue d’orages violents dans certaines régions.

La 19e étape du Tour de France a ainsi dû être arrêtée vendredi en raison de l’état de la route, rendue impraticable par une averse de grêle, peu avant Val-d’Isère, en Savoie.

Dans des agglomérations où les températures sont retombées, comme Paris, Lille et Lyon, la circulation différenciée, instaurée en raison de pics de pollution à l’ozone, a été levée.

  • Des milliers d’hectares brûlés

La sécheresse sévit dans de nombreux territoires. Soixante-dix-sept départements sont concernés par des restrictions d’eau. La pluie, qui touche déjà certaines régions, « peut soulager les sols en état de stress hydrique », rapporte cependant Météo-France.

Pour aider les agriculteurs touchés, la Commission européenne a annoncé vendredi qu’ils pourraient demander des avances plus élevées sur les aides européennes pour redresser leur trésorerie.

Sécheresse et canicule augmentent les risques d’incendie. Plus de 6 500 hectares de terres agricoles et de forêts ont brûlé jeudi sur l’ensemble du pays, notamment en Normandie, dans le Centre, les Hauts-de-France et en Lorraine. Les pompiers, dont près de quatre mille sont mobilisés, luttaient encore contre des feux vendredi.

Au moins 1 500 hectares de cultures et de végétation ont été détruits par des incendies dans l’Eure depuis jeudi après-midi et huit feux étaient encore en cours vendredi. Dans les Hauts-de-France, près de 2 000 hectares de terres agricoles ont été détruits jeudi. Dans le Centre, environ six cents porcs sont morts dans l’incendie d’une exploitation agricole, les flammes qui ont embrasé les chaumes se propageant à la stabulation, ont rapporté les pompiers.

Selon le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, les incendies de cet été correspondent à « une situation qui a été connue, mais qui aujourd’hui impressionne par son ampleur. »

  • Une pluie de records battus

Alors que le seuil des 40 °C n’était dépassé en France que de façon très exceptionnelle il y a un demi-siècle, des maximales jusqu’à plus de 43 °C ont été observées sur une grande partie du pays jeudi.

Paris a battu son record absolu avec 42,6 °C. Depuis le début des mesures, en 1873, la capitale n’avait dépassé la barre des 40 °C qu’une seule fois : le 28 juillet 1947, avec 40,4 °C.

La chaleur record du jour a été observée à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), en Ile-de-France, où le mercure a atteint 43,6 °C. Outre l’Ile-de-France, il a fait 41,5 °C à Lille, 40 à 41 °C ont été mesurés entre Dieppe et Dunkerque. « Du jamais-vu pour les côtes de Manche ou de la mer du Nord », souligne Météo-France.

  • Hausse des interventions de secours

En Ile-de-France, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris évoquait jeudi soir « une augmentation des interventions des secours » ainsi que potentiellement une augmentation des hospitalisations de patients âgés. L’épisode de canicule s’est accompagné d’une intensité dans les services d’urgences mais « la situation a été globalement maîtrisée », a assuré vendredi sur CNews Adrien Taquet, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la santé.

L’alerte rouge canicule avait été utilisée pour la première fois en juin dans quatre départements du Sud, mais il s’agissait d’une grande première dans le Nord.

Si depuis la canicule de 2003, qui avait fait environ quinze mille morts, les autorités insistaient surtout sur les risques pour les personnes vulnérables, notamment les personnes âgées et les enfants en bas âge, les mises en garde visent désormais toute la population.

  • Trafic ferroviaire perturbé

Malgré le relatif redoux – autour d’une trentaine de degrés, bien plus habituels – à la faveur de la nuit sur la majeure partie de l’Europe du Nord et de l’Ouest, la circulation des trains internationaux Thalys entre les Pays-Bas, la Belgique, la France et l’Allemagne restait perturbée vendredi.

Les problèmes sont dus aux dommages causés aux infrastructures du réseau par l’extrême chaleur, la température sur les voies excédant de 10 à 15 °C celle de l’air. Les convois qui circulent progressent à vitesse réduite et plusieurs trains ont été annulés.

La compagnie ferroviaire nationale SNCF a promis un retour à la normale ce week-end. En revanche, tous les trains Thalys et Eurostar vers Londres, arrêtés quelques heures gare du Nord à Paris, ont repris leurs navettes à la mi-journée.

  • Températures inhabituelles en Europe

Outre les 42,6 °C enregistrés à Paris et à Lingen, en Basse-Saxe (Allemagne) jeudi, la Belgique et les Pays-Bas ont eux aussi franchi des records historiques, avec 41,8 °C à Begijnendijk, dans le nord de la Belgique, et 40,4 °C dans le sud des Pays-Bas. Des températures inédites ont également été atteintes au Royaume-Uni, avec 38,7 °C au jardin botanique de l’université de Cambridge. Ce chiffre provisoire reste cependant à confirmer.

En Scandinavie, le thermomètre reste calé entre 30 et 35 °C, notamment en Finlande, où les services météo ont maintenu leur mise en garde pour le week-end. Les habitants se désolent de voir les lacs et principaux sites de baignade envahis par les algues bleues, conséquence de la chaleur. « Nous ne sommes pas habitués aux températures de l’Europe continentale », souligne le météorologue norvégien Terje Alsvik Walloe.

Ces vagues de chaleur sont appelées à se multiplier et à s’intensifier sous l’effet du réchauffement climatique. Au cours des deux derniers millénaires, les températures mondiales n’avaient jamais augmenté aussi rapidement, selon des données publiées mercredi dans deux études distinctes dans les revues Nature et Nature Geoscience.

Canicule : ce qu'il faut boire et manger pour supporter le coup de chaud
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