Une grenade de désencerclement, sans bouchon de sécurité. A l'intérieur, trois rangées de six plots en caoutchouc se dispersent au moment de la détonation. / ANTOINE SCHIRER / LE MONDE

Le ministère de l’intérieur devrait réfléchir à « la pertinence » des grenades à main de désencerclement (GMD) comme outil de maintien de l’ordre, estime, vendredi 26 juillet, le Défenseur des droits, saisi du cas d’un homme gravement blessé en 2016.

Cette grenade fait partie des armes de maintien de l’ordre très critiquées par les manifestants, comme les lanceurs de balles de défense ou les grenades lacrymogènes GLI-F4. Elle produit une détonation de plus de 150 décibels, projette de manière aléatoire 18 galets de caoutchouc à une vitesse de 125 mètres par seconde dans un rayon de 30 mètres.

Le Défenseur des droits avait déjà, dans un rapport daté de 2018, demandé l’interdiction de ces deux dernières armes, accusées d’avoir fait de graves blessées parmi les manifestants lors du mouvement des « gilets jaunes », notamment.

En ce qui concerne la GMD, Jacque Toubon « recommande au ministre de l’intérieur (…) d’engager une réflexion approfondie sur la pertinence de la dotation, pour les opérations de maintien de l’ordre, de cette arme susceptible de porter gravement atteinte à l’intégrité physique des personnes touchées et d’exposer les fonctionnaires de police à des risques importants ».

Poursuites disciplinaires

Il s’était autosaisi après les graves blessures à la tête plaie ouverte, hématome… d’un homme à la fin d’une manifestation contre la loi travail en mai 2016. « La grenade a explosé aux pieds » de cet homme qui est tombé instantanément, explique le Défenseur des droits.

Dans la mesure où le policier qui l’avait lancée ne l’avait pas fait en état « d’absolue nécessité », M. Toubon recommande l’engagement de poursuites disciplinaires à l’encontre de ce policier. Son avis précise que, « dans les instants qui ont précédé le jet de la grenade, les fonctionnaires de police n’ont fait l’objet ni d’agression ni de tentative d’agression ».

La GMD est censée être utilisée en cas de danger imminent, notamment pour disperser (avec sommations) un attroupement ou réprimer (sans sommations) des violences contre les forces de l’ordre.

Elle est accusée d’avoir causé diverses blessures graves, dont des lésions auditives, des blessures au visage (à l’œil notamment) et d’autres entailles, selon des manifestants, le collectif Désarmons-les et des associations comme l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), laquelle pointe également des « risques d’amputation voire de décès, en cas d’explosion proche d’un membre ou d’une zone vitale ».