Surfer « une vague parfaite » mais artificielle, à quelques kilomètres de l’océan ? Le futur surf park à Saint-Père-en-Retz (Loire-Atlantique) affiche l’ambition de développer les sports de glisse, mais est contesté par des militants écologistes.

A 10 kilomètres de l’océan Atlantique et de ses rouleaux naturels, la Bergerie Surf Camp prévoit d’accueillir en 2022 des sportifs et des scolaires dans un bassin de 11 000 m3 d’eau « en circuit fermé ». A raison d’un kilowattheure par vague en moyenne, ils pourront glisser sur « une vague parfaite » pendant « un temps de surf de vingt secondes », selon Nouvelle Vague, à l’initiative depuis 2014 de ce projet estimé à 15 millions d’euros.

Une école de surf, affiliée à la Fédération française de surf, devrait voir le jour avec, en ligne de mire, de potentielles retombées induites par les Jeux olympiques de 2024.

« Des millions de litres d’eau par an »

Mais, pour ses opposants, le surf park est un « projet absurde », comme le développe le collectif Terres communes :

« Nous sommes contre un projet qui consommera à la fois beaucoup d’énergie et des millions de litres d’eau par an dans un contexte de sécheresse et de restriction hydrique, qui participera à la destruction toujours plus grandissante de notre autonomie alimentaire, de la biodiversité, du climat et de la vie sociale du territoire. »

Un rassemblement est prévu à Saint-Père-en-Retz, samedi à 14 h 30, une semaine après une première mobilisation qui a tourné court. Les opposants ont dû rapidement quitter le site, propriété de Nouvelle Vague.

Le collectif Terres communes entend occuper les lieux jusqu’à l’arrêt du projet, dénonçant un dossier qui a évolué en catimini. Refusant d’utiliser le terme de ZAD – référence à la lutte voisine de Notre-Dames-des-Landes contre le projet d’aéroport –, les militants revendiquent l’installation d’une ZAP pour « zone à protéger » ou « zone d’autonomie paysanne ».

« Depuis le début, on suit les règles », se défend Thibaut Coutansais, coporteur du projet, estimant que « ce n’est pas du greenwashing ». Quatre hectares seront dédiés aux aménagements paysagers ou à l’écopâturage, assure-t-il. « Le bassin fait 17 000 m2, les bâtiments 1 000 m2 et, après, on mutualise les parkings. Tout le reste, c’est de l’aménagement paysager », ajoute-t-il, réfutant « l’argument d’une bétonisation des terres agricoles ».

10 km de la mer

Pour les besoins du futur surf park, la communauté de communes a déclassé les huit hectares concernés, auparavant répertoriés comme « espace agricole pérenne ». Mais elle a, en compensation, reclassé douze autres hectares comme terres agricoles, assure Nouvelle Vague.

La commune de Saint-Père-en-Retz et ses administrés soutiennent le projet, y voyant l’occasion de développer l’attractivité du village et l’emploi.

En revanche, le département de Loire-Atlantique s’y oppose. « Ce projet n’a pas de sens : comment peut-on construire un parc pour faire du surf artificiel à 10 km de la mer alors que nous sommes face à l’urgence foncière ? », s’agace Philippe Grosvalet, président (PS) de Loire-Atlantique. S’il avait d’abord émis un avis favorable, il prône désormais « une rupture franche avec le modèle d’aménagement utilisé », qui a conduit à une artificialisation des sols galopante.

Après une enquête publique fin 2018, Nouvelle Vague a annoncé une réunion d’information d’ici à début 2020, après la remise de tous les rapports environnementaux et avant la délivrance du permis de construire. « Il faut éviter de se retrouver dans un nouveau conflit sur le foncier comme on a pu le vivre à Notre-Dame-des-Landes », ajoute M. Grosvalet, en appelant à l’Etat pour « sortir par le haut de ce dossier ».