Kate Mulgrew, dans « Orange Is the New Black ». / Netflix

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Disponible depuis juillet 2013 aux Etats-Unis, et quatorze mois plus tard en France, la série Orange is the New Black, créée par Jenji Kohan (auteure de la décoiffante Weeds), a connu un succès qui s’est annoncé, puis vite confirmé, grâce à un très épicé parfum de scandale. Provoquant, comme House of Cards, l’autre série-phare lancée la même année, aux débuts de Netflix, une arrivée massive de nouveaux abonnés.

On avait écrit, au moment de la saison 3 : « Qui eût imaginé une version féminine de l’univers carcéral macho, mais hautement et explicitement homoérotisé, de Oz (1997-2003), de Tom Fontana ? Qui eût pensé entendre des dialogues à faire monter la moutarde jusqu’au serre-tête des dames de La Manif pour tous ? » Cinq ans plus tard, on se souvient avec plaisir et intérêt des premières saisons sexualo-rocambolesques de cette série et des thématiques socio-politiques abordées. Mais Orange is the New Black a sûrement eu tort, en raison de son succès, de jouer trop longtemps les prolongations – comme Weeds d’ailleurs, qui a connu huit saisons.

La mort de l’attachante Poussey (Samira Wiley), en fin de saison 4 (2016), a marqué un premier coup d’arrêt ; un deuxième s’est produit à l’occasion de la scène de mutinerie finale de la saison 5 (2017). Les personnages, hauts en couleurs – entre autres Kate Mulgrew en cuisinière russe, Lea de Laria en camionneuse lubrique en marcel, l’incroyable Uzo Aduba en Suzanne « Crazy Eyes », etc. –, commençaient d’ailleurs à faire du surplace et les situations à frôler le ridicule.

Une inventivité qui s’est tarie

Nouvelle prisons, nouvelles habitudes ; puis les anciens et mauvais usages qui reviennent naturellement au galop ; lubricités partagées (entre prisonnières, avec gardiens et gardiennes, voire plus haut dans la hiérarchie) ; castagnes entre bandes rivales, meurtres, évasions, surdoses ; machinations de gardiens véreux et abusifs, etc. Les variations sur ces thèmes inusables sont potentiellement infinies, mais leur inventivité s’est tarie.

La septième et dernière saison, que Netflix a mise intégralement à disposition vendredi 26 juillet, enfonce le clou sur le système des prisons privées aux Etats-Unis, où efficacité et profit sont les maîtres-mots. Elle évoque aussi les pièges tendus à certaines détenues en situation irrégulière – embarquées dès leur libération, réincarcérées puis déportées. Un inévitable écho des pratiques de l’Amérique trumpienne.

« Orange is the New Black » aurait dû faire ses adieux dès la saison 6

De manière générale, cette ultime saison accentue l’impression que Orange is the New Black aurait dû faire ses adieux dès la saison 6, dont la fin marque la libération de Piper Chapman, alors que son amante Alex Vauze reste derrière les barreaux, après une fausse cérémonie de mariage des deux femmes.

On regrette les scènes intercalaires qui délayent trop le propos, le retour des flash-back biographiques des personnages principaux qui n’apportent pas toujours grand-chose et la grande scène condescendante et moralisante que fait à Piper un être autrefois proche.

Quant à la conclusion aigre-douce un peu téléphonée, elle aura pour seule vertu de faire passer la pilule aux fans désolés de voir certaines de leurs héroïnes favorites disparaître, reproduire les mêmes erreurs ou sombrer dans la folie. Celles-ci leur font cependant un joli et émouvant salut au moment des crédits finaux.

Orange Is the New Black | Official Season 7 Trailer | Netflix
Durée : 02:28

« Orange is the New Black », saison 7, série créée par Jenji Kohan. Avec Taylor Schilling, Laura Prepon, Uzo Aduba, Kate Mulgrew (EU, 2015, 13 × 55 min). Netflix, vidéo à la demande.