Les Alpes. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

19E ÉTAPE : SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE - TIGNES, 126 KM

Plusieurs épisodes bien mystérieux ont ponctué la 18e étape remportée hier à Valloire par Nairo Quintana, et de nombreuses questions restent ce matin sans réponse.

Quelle est cette trace de sang bizarre sur le maillot du Colombien ?

Colombia's Nairo Quintana celebrates as he wins on the finish line of the eighteenth stage of the 106th edition of the Tour de France cycling race between Embrun and Valloire, in Valloire, on July 25, 2019. / AFP / Marco Bertorello / MARCO BERTORELLO / AFP

Qui a balancé de la flotte dans la tête de Julian Alaphilippe dans l’ascension du Galibier ?

Pourquoi un tyrannosaure ?

A-t-on le droit de pousser son coureur dans les cols ?

Pour les trois premières questions, nous n’avons pas de réponse. Pour la quatrième, c’est non. L’affaire a dû échapper aux commissaires, Alaphilippe s’en tire bien. Lors du dernier Tour d’Italie, le Slovène Primoz Roglic avait pris dix secondes de pénalité pour avoir été aidé de la sorte par deux spectateurs :

Si l’on considère la durée de la poussée, celle dont a bénéficié Alaphilippe dans le Galibier est moins grave. Si l’on considère qu’il a été poussé non par des spectateurs mais par un membre du staff de son équipe…

Circulez, y a rien à voir, répond Patrick Lefévère, patron de la Deceunink - Quick Step, à ceux qui se poseraient la question : arrêtez de chercher une mouche sur un éléphant, et « rentrez chez vous ». Dont acte (bonheur simple de l’existence : placer un petit « dont acte » de temps en temps, essayez, je vous promets).

Reste une dernière question : les favoris du Tour ont-ils conscience qu’il s’achève demain soir et qu’ils sont en train de le perdre ? On peut se la poser vu le scénario du Galibier, hier. La panique commence à gagner les journalistes qui avaient lancé des reportages à Mélisey, mais pas à Montluçon. Il serait temps qu’elle gagne aussi les Bernal, les Thomas, les Pinot, et les deux autres coureurs en lice pour la victoire le 28 juillet et dont vous aurez oublié le nom le 29 (Kruijswijk et Buchmann).

Cette fois, pas de descente pour rattraper le retard

Le casse du siècle se déroule sous leurs yeux, et les patrons de la banque ne font rien. « Si Alaphilippe continue à ce rythme, il va gagner », disait Geraint Thomas la semaine dernière, après le contre-la-montre de Pau. Si tous les autres continuent à ce rythme aussi, c’est certain.

Seul Bernal a tenté le coup franchement dans l’ascension du Galibier hier, et le Colombien a vu son attaque à moitié sabordée par son propre coéquipier, Geraint Thomas, parti en chasse au moment où le groupe de favoris pointait à 45 secondes, contribuant ainsi à le ramener à 22 secondes en haut du col (32 secondes, score final), tandis qu’Alaphilippe passait encore 17 secondes derrière, qu’il allait rattraper dans la descente.

Certes, aujourd’hui à Tignes et demain à Val Thorens – au bout de deux étapes dont le faible kilométrage, 126 puis 130 km, joue en sa faveur –, Julian Alaphilippe n’aura pas de descente pour rattraper son probable retard. Mais au sommet du terrifiant Galibier hier, le Maillot jaune n’avait cédé que 17 secondes à Thomas, Kruijswijk, Pinot, Buchmann, et 39 à Bernal.

Faites le calcul : si Alaphilippe tient jusqu’à l’ascension finale à chaque fois, si ces messieurs l’attaquent aussi tard à chaque fois, si Bernal et Thomas se tirent dans les pattes à chaque fois, si le Français résiste aussi bien à chaque fois, et si ses mécanos le poussent à chaque fois, bon courage pour lui reprendre une minute trente en deux étapes.

Avec une poignée de secondes d’écart dimanche matin…

Avec des si, on mettrait Paris, les Champs-Elysées et Julian Alaphilippe sur la plus haute marche du podium en bouteille, mais enfin tout de même, ces messieurs seraient bien inspirés de s’activer avant de prendre l’avion samedi soir vers Rambouillet, ville-départ de la dernière étape, parce que ce n’est pas dans la côte de Chateaufort qu’ils feront la différence dimanche.

Alaphilippe est déjà au musée Grévin ? / JEFF PACHOUD / AFP

Le scénario, imaginé par Dave Brailsford, d’un sprint dans les 800 derniers mètres de la dernière ascension du Tour, demain à Val Thorens, pour désigner le Maillot jaune, prend forme. On se prend à rêver d’encore mieux : que le sommet du classement se tienne en une poignée de secondes samedi soir, parce qu’Alaphilippe aura perdu une minute trente en deux jours, et que la dernière étape, au lieu du traditionnel défilé sur les Champs, se transforme alors en une classique furieuse dans les rues de Paris avec le Tour en jeu.

Par ailleurs, la lutte est encore plus épique en bas de classement, où grâce à son avant-dernière place à Valloire hier, le Néerlandais Sebastian Langeveld (3 h 49 min 49 s de retard) est revenu à trois petites secondes du maillot jaune en commençant par la fin, plus connu sous le nom de lanterne rouge, Yoann Offredo (3 h 49 min 52 s). Quel Tour de France messieurs dames.

Départ à 13 h 55 ; arrivée vers 17 h 30.