La police russe a arrêté des dizaines de personnes lors d’un rassemblement de l’opposition à Moscou, le 27 juillet. / Alexander Zemlianichenko / AP

La police russe a arrêté, samedi 27 juillet, des dizaines de personnes qui participaient à un rassemblement non autorisé devant la mairie de Moscou pour réclamer des élections libres. L’opposition avait appelé à manifester pour protester contre le rejet des candidatures de ses représentants aux élections locales de septembre.

Le rassemblement était prévu à 14 heures locales (13 heures à Paris), mais avant qu’il ne commence, les forces de l’ordre, mobilisées en grand nombre, ont arrêté par dizaines les protestataires qui affluaient, moins d’une semaine après un rassemblement sans précédent depuis le mouvement qui avait accompagné le retour de Vladimir Poutine au Kremlin. Un journaliste de l’Agence France-presse a vu au moins 70 personnes être arrêtées. L’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, a décompté 211 arrestations.

Navalny renvoyé en prison mercredi

Quelques heures avant le rassemblement, plusieurs opposants ont également été arrêtés, dont Dmitri Goudkov, qui avait affirmé vendredi que l’enjeu dépassait les élections locales. « Il s’agit de savoir si, dans la Russie d’aujourd’hui, il est possible de faire légalement de la politique », avait-il déclaré. Les domiciles et permanences de plusieurs candidats exclus ont été perquisitionnés par avance et, mercredi, l’opposant Alexeï Navalny a été renvoyé en prison trente jours pour des infractions « aux règles des manifestations ».

Ces procédures font suite à l’ouverture d’une enquête pour « entrave au travail de la Commission électorale » de Moscou lors de manifestations mi-juillet. Elles peuvent aboutir à des peines atteignant cinq ans de prison, rappelant les importantes condamnations prononcées lors du mouvement de 2011-2012 contre le retour à la présidence de Vladimir Poutine.

Redoutant une « répression massive à venir », l’ONG Amnesty International a, elle, critiqué une « tentative ouverte et sans gêne des autorités russes pour intimider l’opposition ». En amont du rassemblement de samedi, la police de Moscou a publié une mise en garde aux citoyens et, fait inédit, proposé aux journalistes couvrant l’événement de transmettre leurs identités, augurant de nombreuses arrestations.

Irrégularités fabriquées

Exceptionnellement élevée après l’annexion de la Crimée, la popularité de Vladimir Poutine a baissé depuis sa réélection pour un quatrième mandat l’année dernière et les scrutins de début septembre s’annoncent difficiles pour le pouvoir.

L’enregistrement d’une soixantaine de candidats aux élections du Parlement de Moscou a été rejeté, officiellement en raison de vices dans la collecte des signatures nécessaires pour se présenter. Des participants indépendants exclus du scrutin ont dénoncé des irrégularités fabriquées, selon eux, de toutes pièces et ont accusé le maire loyal au pouvoir, Sergueï Sobianine, de vouloir étouffer l’opposition, qui espérait avoir son mot à dire dans la gestion du budget faramineux de la capitale.

« L’option de la force, visiblement, a été choisie car considérée comme plus efficace, soutient le politologue Andrei Kolesnikov, interrogé par le quotidien Vedomosti. C’est assez logique, car si on regarde en arrière, depuis 2012, le pouvoir a seulement évolué vers la répression. »