Donald Trump a menacé vendredi de s’en prendre au vin français, en réaction à la « taxe GAFA » que Paris va mettre en place. « Nous annoncerons bientôt une action réciproque substantielle après la stupidité de Macron. J’ai toujours dit que le vin américain était meilleur que le vin français ! », a écrit sur Twitter le président américain.

En juin, Donald Trump avait déjà laissé entendre qu’il pourrait infliger des taxes douanières supplémentaires sur le vin français. Mais il invoquait alors ces droits pour corriger une concurrence jugée « déloyale ».

Les taxes douanières à l’importation appliquées sur le vin et les spiritueux n’ont « pas connu d’évolution depuis vingt ans » et sont fixées « au niveau européen », sans différence, donc, entre pays, selon la Fédération française des exportateurs de vin et spiritueux (FEVS). Le point sur ces échanges commerciaux.

  • A combien s’élèvent les droits de douane ?

Sur le vin en bouteille, les taxes douanières sont peu élevées. Elles sont cependant plus importantes dans l’Union européenne (de 10 à 30 centimes d’euro) qu’aux Etats-Unis, où elles varient dans une fourchette d’entre 5 et 15 cents de dollar l’unité environ, en fonction de la nature du vin et du degré d’alcool, selon la Commission américaine du commerce international.

Par exemple, une bouteille de vin blanc américain de 13° d’alcool supporte un droit de douane de 10 centimes d’euros pour entrer en Europe. Une bouteille équivalente importée d’Europe supportera un droit de 5 cents de dollar pour entrer aux Etats-Unis. Une bouteille de vin rouge américain de 14,5° d’alcool importée en Europe supporte un droit de douane de 12 centimes d’euros, alors qu’une bouteille européenne équivalente devra acquitter un droit de douane de 13 cents de dollar.

Sur le vin en vrac, en revanche, qui représente un quart de la valeur des vins américains importés dans l’UE, le droit de douane est plus élevé côté américain que côté européen. Un litre de vin en vrac à 14,5° supporte un droit de douane de 12 centimes d’euros en Europe et de 22 cents de dollar de l’autre côté de l’Atlantique.

  • L’Europe, premier importateur de vins américains

Les Etats-Unis ont exporté 3,5 millions d’hectolitres de vin dans le monde entier en 2018, un chiffre stable par rapport à 2017, selon l’Organisation internationale du vin, sise à Paris. Mais la valeur des vins exportés par les Etats-Unis a légèrement baissé, à 1,22 milliard d’euros contre 1,3 milliard en 2017. L’Union européenne est le premier importateur mondial de vins américains. Sur la période 2008-2018, la valeur des vins américains importés dans l’UE a progressé de 33 %.

  • L’Espagne, l’Italie et la France, premiers exportateurs de vin dans le monde

Les trois principaux exportateurs mondiaux de vins, l’Espagne, l’Italie et la France, ont exporté à eux trois 54,8 millions d’hectolitres de vins en 2018 (Espagne 21 Mhl, Italie 19,7 Mhl, France 14,1 Mhl) contre 59,4 millions d’hectolitres en 2017 (Espagne 23 Mhl, Italie 21,5 Mhl, France 14,9 Mhl).

Ce recul historique de près de 8 % des volumes de vins exportés par l’Europe l’an passé est dû à la faible récolte de raisins en 2017 après des gels printaniers, qui a conduit à un très faible volume de vin en 2018. Malgré cette baisse, le trio viticole européen de tête est parvenu à augmenter la valeur totale de ses exportations en 2018, à 18,4 milliards d’euros contre 17,9 milliards en 2017.

Des trois, la France est le pays qui valorise le mieux ses vins, avec une valeur à l’exportation estimée à 9,3 milliards d’euros l’an passé, contre 6,1 milliards pour l’Italie et 2,9 milliards pour l’Espagne.

  • Comment se fait l’accès des vins européens au marché américain ?

Si les taxes douanières sont plus basses aux Etats-Unis qu’en Europe, le système réglementaire d’accès y est plus compliqué que dans l’UE, et ce depuis la période de la prohibition. Il est en effet interdit à tout exportateur de vendre en direct aux consommateurs américains. Les Etats-Unis ont institué un système à trois étages obligatoire, les obligeant à passer par un distributeur qui aura lui-même l’accès direct aux détaillants.

Ces distributeurs, généralement organisés par Etat, font des marges comprises entre 20 % et 30 %, ce qui relève significativement les prix du vin pour les consommateurs, souligne la FEVS.