Des milliers de manifestants ont réclamé la démission du gouvernement, samedi 27 juillet à Bucarest. / INQUAM PHOTOS / REUTERS

Plusieurs milliers de manifestants réclamaient sa démission. Le ministre de l’intérieur roumain, Nicolae Moga, a quitté ses fonctions mardi 30 juillet, tenu en partie pour responsable d’une tragédie qui aurait sûrement pu être évitée.

Mercredi 24 juillet, Alexandra, 15 ans, avait été enlevée alors qu’elle faisait de l’auto-stop pour retourner chez elle à Caracal, une ville située dans le sud-ouest de la Roumanie. Frappée, ligotée et violée à plusieurs reprises, elle était parvenue à s’emparer du portable de son kidnappeur et avait appelé trois fois jeudi le numéro d’urgence 112 pour donner l’alerte et décrire le lieu où elle était séquestrée.

Mais la police avait mis douze heures pour retrouver cette maison, puis attendu l’aube avant d’y pénétrer, invoquant des contraintes légales, alors qu’il s’agissait d’une urgence ne rendant pas ces précautions nécessaires. Entre-temps, son ravisseur l’avait tuée. La police découvrira sur les lieux des restes humains calcinés ainsi que des bijoux appartenant à Alexandra dans un fût en tôle.

Arrêté samedi, le suspect, Gheorghe Dinca, a reconnu avoir séquestré, violé et tué cette adolescente, ainsi qu’une autre jeune fille qui avait été portée disparue en avril. L’homme de 65 ans a été inculpé de meurtre et placé en détention provisoire pour trente jours. Il a brièvement comparu mardi devant un tribunal local, précisant qu’il ne faisait pas appel de son arrestation.

« Une longue série d’erreurs »

Des hommages ) la jeune victime dans les rues de Bucarest. / Vadim Ghirda / AP

Le gouvernement social-démocrate, qui mène depuis deux ans et demi une offensive contre les procureurs et les magistrats, est accusé d’être responsable de ce drame. Sous prétexte d’une réforme du système judiciaire, la majorité de gauche a limité les pouvoirs des magistrats pour tenter de sauver des hommes politiques poursuivis pour corruption.

Dimanche, le ministre de l’intérieur avait limogé le chef de la police, trois responsables de la police locale ainsi que le préfet du département. Mais les critiques de l’opposition et de l’opinion publique continuaient mardi, poussant Nicolae Moga – en poste depuis une semaine à peine – à la démission. « J’ai décidé de quitter mes fonctions afin de sauvegarder le prestige du ministère, gravement entamé par l’action défaillante de plusieurs de ses employés », a déclaré le ministre.

Le président libéral, Klaus Iohannis, a dénoncé mardi « une longue série d’erreurs » des autorités et demandé des mesures urgentes pour que de « telles tragédies puissent être évitées ».