Dans un magasin Huawei, à Shanghaï, le 26 mai. Le constructeur chinois de smartphones a écoulé 118 millions d’appareils entre janvier et juin, soit une hausse de 24 %. / HECTOR RETAMAL / AFP

La tempête gronde toujours autour de Huawei, mais le géant des télécoms résiste pour l’instant aux violentes bourrasques. Malgré les sanctions américaines, le fleuron technologique chinois affiche des ventes en hausse sur les six premiers mois de l’année 2019. Mardi 30 juillet, le groupe a dévoilé un chiffre d’affaires en croissance de 23,2 % sur un an (52,3 milliards d’euros) lors d’une présentation à son siège de Shenzhen (sud-est). Une première pour le groupe, plutôt avare de chiffres en dehors de ses résultats annuels. « Nos résultats commerciaux pour ce premier semestre sont assez bons », s’est prudemment félicité Liang Hua, président de Huawei, lors de l’annonce, concédant toutefois toujours faire « face à des difficultés ».

Sur le marché grand public, l’un des fers de lance de la société, et qui représente près de la moitié des revenus annuels du groupe, la vente de smartphones, a enregistré une hausse de 24 %, avec quelque 118 millions d’appareils écoulés entre les mois de janvier et de juin. Un rythme plutôt satisfaisant mais qui reste, pour le moment, en dessous de celui observé pour l’année 2018, où la firme affichait une croissance de 35 % sur ce marché.

Huawei a pu compter sur la ferveur nationale de ses compatriotes pour limiter la casse

Le numéro deux mondial des ventes de téléphones portables a, notamment, pu compter sur la ferveur nationale de ses compatriotes pour limiter la casse après l’annonce de sanctions à son encontre par les Etats-Unis. Le 15 mai, le gouvernement américain a placé Huawei sur une liste noire, et a interdit aux entreprises américaines, dont notamment Google, propriétaire du système d’exploitation Android et des applications Google Maps, Gmail ou YouTube, de lui vendre des composants ou des services technologiques.

Incertitudes américaines

Une mesure qui avait provoqué une chute des ventes de téléphones de la marque en Europe, à l’instar de la France, où les distributeurs enregistraient des baisses de 20 % à 50 % fin mai, les clients s’inquiétant de ne plus avoir accès au magasin d’applications et aux mises à jour d’Android. « Il y a eu un impact sur nos ventes de smartphones en dehors du marché chinois, mais nous avons maintenant récupéré 80 % de notre performance commerciale d’avant cette sanction », a tenu à rassurer M. Hua. Huawei n’a pas détaillé ses chiffres de ventes mais, selon les analystes du cabinet Canalys, l’entreprise aurait profité d’excellents résultats en Chine au deuxième trimestre, avec un taux de croissance de 31 % sur un an et une part de marché atteignant 38 %, alors même que ses concurrents dans le pays (Oppo, Vivo, Xiaomi ou Apple) perdaient tous du terrain.

Pour autant, le groupe est encore loin d’avoir résolu toutes ses difficultés. Après avoir renoncé à son ambition de détrôner Samsung, l’actuel numéro un mondial des ventes de smartphones, son fondateur, le milliardaire Ren Zhengfei, confessait en juin s’attendre à une légère baisse de ses revenus sur l’année 2019. En cause : l’incertitude qui plane sur l’application des sanctions américaines. Donald Trump a récemment évoqué la possibilité d’accorder des licences à certaines entreprises américaines pour les autoriser à vendre leurs équipements au chinois, mais jusqu’à présent elles ne concerneraient que des fournisseurs de « composants non essentiels », selon Huawei.

« Un avion criblé de balles »

Le géant chinois reste, néanmoins, « confiant » dans l’avenir et assure être en mesure de développer son propre système d’exploitation et écosystème d’applications si les Etats-Unis continuent d’interdire les échanges avec Google. « Cela dépend d’eux. Cependant, nous préférerions utiliser Android et son écosystème », a souligné M. Hua.

Comparant le groupe à « un avion criblé de balles », il a par ailleurs affirmé que les trous étaient en train d’être colmatés, tant sur son marché grand public que sur celui à destination des entreprises, notamment des opérateurs. Malgré le lobbying des Etats-Unis, l’entreprise indique avoir signé 50 contrats commerciaux pour la 5G, dont 11 depuis l’annonce des restrictions américaines. « Nous continuerons à nous battre pour notre survie », insiste M. Hua. Tel le roseau de la fable face à des vents tumultueux, Huawei plie mais ne rompt pas.