Apple n’est pas le seul à transmettre des enregistrements de son assistant vocal à des sous-traitants pour examen. Google, Amazon et Microsoft le font aussi. / JOSH EDELSON / AFP

Les utilisateurs de produits Apple ne le savent pas toujours, mais Siri, l’assistant vocal de la marque, transfère parfois certains de leurs enregistrements à des humains chargés de les écouter. Le Guardian a publié, le 26 juillet, un article sur le sujet, basé sur le témoignage d’un de ces sous-traitants, mettant en lumière cette pratique. Celui-ci expliquait notamment que certains enregistrements effectués par erreur (Siri se déclenche parfois à tort) se retrouvaient parfois aux oreilles de ces employés – scènes de sexe, détails très personnels dans une conversation, etc.

Après les remous provoqués par cette publication, Apple a annoncé, vendredi 2 août, la suspension de ce programme, que l’entreprise dit vouloir réexaminer en profondeur. La suspension est toutefois temporaire : Apple compte relancer ce programme, mais en permettant cette fois aux utilisateurs de Siri de choisir ou non d’y participer.

Amazon, Google et Microsoft aussi

Apple n’est pas le seul à avoir mis en place un tel programme : ses concurrents comme Amazon (avec Alexa), Google (avec Assistant) ou encore Microsoft (Cortana) font, eux aussi, examiner par des humains certains enregistrements recueillis par leurs assistants vocaux. Cela concernerait chez Apple moins de 1 % des requêtes, selon l’entreprise. Ces employés ont généralement pour mission de vérifier que le logiciel a correctement interprété la demande de l’utilisateur ou qu’il ne s’est pas déclenché par erreur, en comprenant mal une phrase. Ce travail permet, in fine, d’améliorer ces assistants vocaux.

Plusieurs articles de presse ont déjà fait état, ces derniers mois, de l’existence de tels programmes, reprochant notamment à ces entreprises de ne pas suffisamment en informer leurs clients. Qui plus est, même si ces enregistrements sont anonymisés avant d’être transmis aux employés, la personne citée dans le Guardian explique que certains enregistrements effectués par erreur contenaient des informations permettant d’identifier l’utilisateur.

L’image d’Apple égratignée

Apple est toutefois le seul à avoir annoncé la suspension de son programme. Il faut dire que la publication du Guardian, même si elle ne contient pas de révélations fracassantes – à condition de savoir préalablement que de telles pratiques existent –, fait particulièrement désordre pour Apple. Afin de se démarquer de ses concurrents, l’entreprise se présente en effet comme le leadeur du respect de la vie privée, domaine sur lequel elle communique abondamment.

Et encore davantage depuis le scandale Cambridge Analytica, qui avait frappé Facebook l’an dernier sur la question des données personnelles. Quelques mois plus tard, en janvier, lors du CES de Las Vegas, la grand-messe annuelle mondiale de l’électronique, Apple s’était d’ailleurs fait remarquer pour avoir affiché de gigantesques messages sur des façades d’immeubles : « Ce qui se passe dans votre iPhone reste dans votre iPhone. »