Barack Obama avait accepté l’invitation de Jerry Seinfield alors qu’il était encore président. / NETFLIX

NETFLIX - À LA DEMANDE

Il y a peu de comedians (« comédiens de stand-up », « comiques ») dont la gloire soit aussi internationale que celle de Jerry Seinfeld, qui a donné son nom à la série Seinfeld (1989-1998), cocréée avec Larry David et diffusée à peu près partout dans le monde. Au cours des épisodes de Comedians in Cars Getting Coffee, tournés dans de grandes villes nord-américaines (New York et Los Angeles pour l’essentiel) et dont la dernière saison vient d’être mise en ligne sur Netflix, il n’est guère de moments où les badauds ne l’abordent et le photographient, lui et son invité.

Le principe de cette hilarante série documentaire (onze saisons, 2012-2019, de 5 à 12 épisodes chacune) est toujours le même : Jerry Seinfeld passe un coup de fil à un(e) collègue, lui propose de prendre un café et de passer le ou la chercher dans une voiture de collection savamment choisie.

Car Jerry Seinfeld a trois passions, explicitées par le titre de l’émission : le rire (la série tente d’en analyser la mystérieuse chimie), le café (même si le placement de produits montre trop le logo d’une célèbre marque italienne que les vrais amateurs de café ne boivent pas) et les automobiles (dont il possède une impressionnante collection).

Flirt avec le salace et l’humour limite

Les amateurs y verront des véhicules affriolants, décapotables ou non, pour la plage, la randonnée, la ville, la course – et la frime. On avouera avoir un très fort faible pour la Fiat 600 Jolly couleur orange corail, équipée de sièges en rotin (plus Flower Power, tu meurs), à bord de laquelle embarque Louis C.K. Car ce dernier, blacklisté pour « conduite inappropriée » envers des femmes, est bien présent : l’épisode – qui n’est désormais plus disponible – date de 2014, avant les ennuis du comique.

On ignore si Bill Cosby, autre comedian plus gravement embarrassé par des accusations de viol, avait été au programme de l’émission, du temps où elle était diffusée par le site Sony Crackle, avant que Netflix n’en reprenne les droits en 2017, mais il en est l’un des grands absents. Son cas est cependant évoqué, sans jugement, par quelques-uns de ses collègues pour qui il a compté.

Car Seinfeld, qui ne cesse de pester contre le « convenable » et l’« approprié », encourage les blagues salaces (celles, très « cracra », de feu Bob Einstein) et très limite : sur les Chinois, les juifs, les camps de concentration, les gays, les trans. On avouera avoir ri à l’humour macabre d’une scène que raconte Alec Baldwin : jeune comique, il se produisait dans un hôtel, devant une baie vitrée donnant sur la mer, tandis qu’on repêchait derrière lui – sans qu’il comprenne d’emblée ce qu’il se passait – le corps d’un paralytique qui s’était suicidé la veille.

Obama comme passager

Tous ne sont pas comedians, comme Barack Obama (l’un des épisodes les plus drôles où l’on voit Seinfeld venir taper au carreau du bureau Ovale et demander au président s’il a quelque chose à faire), Sarah Jessica Parker et Matthew Broderick. Les femmes sont minoritaires, quoique assez représentées, même si Joan Rivers et Kathy Griffin sont absentes (Bien que minoritaires, les femmes sont assez bien représentées. Cependant, Joan Rivers et Kathy Griffin sont absentes : la première devait participer au tournage, repoussé en raison de l’intervention chirurgicale au cours de laquelle elle périt en 2014 ; la seconde aurait annulé in extremis sa participation à un épisode…

Comedians in Cars Getting Coffee: New 2019: Freshly Brewed | Trailer | Netflix
Durée : 02:39

Les Français apprécieront d’y voir Gad Elmaleh, qui fait le pitre dans un anglais qui n’était à l’époque (2013) pas encore aguerri, à bord d’une 2 CV dans son jus vintage qui offre le spectacle magnifiquement piteux d’une panne au beau milieu d’une avenue new-yorkaise.

Comedians in Cars Getting Coffee, série créée et animée par Jerry Seinfeld (Etats-Unis, 2012-2019, 84 x 13-17 min).