Des manifestants des associations CLAP 33 et Collectif Quatre Couleurs rendent hommage à Steve Maia Caniço, mardi 30 juillet, à Bordeaux. / MEHDI FEDOUACH / AFP

Les deux juges d’instruction de Nantes chargés de l’enquête sur la mort de Steve Maia Caniço ont envoyé une requête à la Cour de cassation afin d’être dessaisis du dossier, selon des sources concordantes de l’Agence France-Presse confirmant une information de Libération. La demande, transmise jeudi 1er août à la Cour de cassation, est assez rare et souligne l’aspect explosif du dossier que les magistrats aimeraient dépayser.

Dans la nuit du 21 au 22 juin, à 4 heures du matin, des policiers se sont rendus sur le quai Wilson à Nantes pour faire respecter l’heure limite de diffusion de la musique. Des échauffourées ont éclaté et des participants au concert ont raconté avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène ; certains, désorientés, ont chuté dans le fleuve. Steve Maia Caniço était porté disparu depuis cette soirée, jusqu’à ce que son corps soit retrouvé lundi.

Le lendemain de cette découverte, Pierre Sennès, le procureur de la République de Nantes a ouvert une information judiciaire pour « homicide involontaire ». Mais, alors que leur travail ne faisait que débuter, les deux magistrats ont demandé à être dessaisis. Leur requête ne sera pas examinée par la chambre criminelle avant la mi-septembre, a-t-on appris de source judiciaire.

Garantir la sérénité de l’enquête

« La poursuite des investigations va nécessiter de rechercher toutes les responsabilités dans la mort du jeune homme, et donc potentiellement celles de partenaires institutionnels habituels du tribunal de grande instance de Nantes », explique le procureur général près la cour d’appel de Rennes dans un communiqué. Le dépaysement permet donc de « garantir la sérénité de l’information judiciaire et l’impartialité objective de la juridiction saisie », a-t-il ajouté.

L’avocate de la famille de Steve Maia Caniço, Me Cécile de Oliveira, a salué la demande de dépaysement des juges d’instruction. « C’est difficile [pour les juges d’instruction], car ce sont les personnes avec qui ils travaillent au quotidien », a-t-elle expliqué.

Castaner s’interroge sur l’usage des lacrymos

En marge d’un déplacement à l’aéroport d’Orly, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, s’est également exprimé sur l’affaire, vendredi 2 août. Il a estimé qu’il y avait toujours un « questionnement (…) sur l’opportunité d’avoir déclenché l’usage des lacrymogènes » lors de l’intervention policière le soir de la Fête de la musique à Nantes.

« J’ai pu voir comment les moments de fin de concert ont été difficiles, pas seulement d’ailleurs pour les forces de sécurité (…). Ce que je sais, c’est que maintenant il faut faire toute la vérité, nous le devons aux parents, nous le devons aux Français, c’est un évènement grave, un homme est mort. »

De son côté, l’inspection générale de la police nationale (IGPN) a jugé, dans un rapport rendu public mardi, qu’aucun « lien » ne pouvait être établi entre l’intervention des forces de l’ordre et la noyade du jeune homme.