Des policiers lors de la manifestation du 3 août à Moscou. / Alexander Zemlianichenko / AP

Au lendemain d’une nouvelle manifestation de l’opposition russe violemment réprimée, plusieurs pays ont fait entendre leur inquiétude quant au comportement du Kremlin. Berlin et Paris ont été les plus virulents à condamner les plus de 2 000 arrestations réalisées en deux weekends par les forces de l’ordre.

La France « condamne les interpellations » ainsi que « l’usage manifestement excessif de la force qui les a entourées », a annoncé dimanche le ministère des affaires étrangères français. Dans un communiqué, Paris « rappelle son attachement à la liberté d’expression dans toutes ses composantes, y compris celle de manifester pacifiquement et de participer à des élections libres et transparentes. » Le ministère qualifie de « manifestations pacifiques » les manifestations qui se sont tenues samedi dans la capitale russe et dans d’autres villes du pays.

Paris « appelle la Russie à libérer sans délai les personnes incarcérées ces derniers jours et à se conformer aux engagements auxquels elle a souscrit en tant que membre de l’OSCE et du Conseil de l’Europe », ajoute le texte. « Ces sujets font partie intégrante de notre dialogue politique exigeant avec la Russie ».

Violation des « obligations internationales »

De son côté, le gouvernement allemand a déclaré dimanche que la Russie avait « violé » ses « obligations internationales » pour des « élections libres et équitables ». Les arrestations opérées samedi étaient « disproportionnées, vu la nature pacifique des protestations contre l’exclusion de candidats indépendants » pour les élections municipales à Moscou le mois prochain, selon un communiqué officiel publié par le gouvernement à Berlin.

Le gouvernement allemand condamne ainsi « les ingérences répétées dans le droit garanti aux rassemblements pacifiques et à la liberté d’expression », qui « violent les obligations internationales de la Russie et remettent fortement en question le droit à des élections libres et équitables ».

Selon l’ONG russe OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations, et la police, 828 personnes ont été interpellées samedi dans la capitale russe lors de cette manifestation non autorisée, qui réclamait l’ouverture des élections locales du 8 septembre à Moscou aux candidats de l’opposition. Ces arrestations font suite à une autre action de protestation réprimée le weekend précédent, qui s’est soldée par près de 1 400 arrestations.

Les autorités russes ont aussi accentué leur pression sur l’opposition en lançant une enquête pour « blanchiment » contre l’organisation de l’opposant Alexéi Navalny, le Fonds de lutte contre la corruption. M. Navalny purge actuellement une peine de 30 jours de prison. La dernière opposante d’envergure encore en liberté, Lioubov Sobol, une avocate de 31 ans, a été interpellée samedi quelques minutes avant le début de la manifestation.