ARTE - DIMANCHE 4 AOÛT - 20 H 50 - SOIREE SPECIALE

Objectivement sublime, intellectuellement séduisant, profondément émouvant : on pourrait user ici de nombre de superlatifs tant il ne semble qu’aucun ne saurait résister à Robert Redford. Et l’on sait gré à Arte d’avoir, en cet été climatiquement éprouvant, programmé une soirée consacrée à l’acteur et réalisateur américain, dont l’engagement pour la protection de l’environnement est remarquable.

Ainsi, la rediffusion, à 20h55, de Jeremiah Johnson, western tragédie réalisé en 1971 par Sydney Pollack, l’un des réalisateurs avec lesquels Redford aura le plus tourné (sept films, dont les mythiques Nos plus belles années [1972] et Out of Africa [1985]) est suivi d’un documentaire signé Pierre-Henry Salfati. Et peu importe, au fond, que ce dernier l’ait titré L’Ange blond quand on fantasme volontiers Robert Redford en roux et qu’on le souhaite résolument sexué. Peu importe aussi que ce portrait soit partiel – ne serait-ce que parce qu’il est impossible d’embrasser la vie qui a été la sienne en seulement cinquante minutes.

Grâce aux archives, aux entretiens de Michael Feeney Callan, son biographe officiel, et à l’éclairage du critique Serge Kaganski, on comprend que Pierre-Henry Salfati a voulu donner à voir un Redford a voulu donner à voir un Redford à la fois très politique et militant en faveur de l’environnement. Bien avant que cela devienne une mode voire une urgence, Robert Redford s’est fait défenseur de la nature, s’inquiétant notamment du réchauffement climatique (en 2015, devant l’Assemblée des Nations unies, il exhortait les dirigeants mondiaux à « agir maintenant »). Pour autant, Robert Redford n’a jamais baissé les bras, préférant toujours aux discours pessimistes, une foi en la capacité de l’homme à agir.

Attaché à son pays et à ses valeurs

De courage comme de conviction, Robert Redford n’aura jamais manqué : qu’il s’agisse, donc, de défendre notre planète ; de faire entendre « la parole des petits contre les grands » – ainsi fonde-t-il, en 1985, Sundance, le festival de films indépendants le plus réputé au monde  ; ou encore d’affirmer son attachement viscéral à la démocratie. Que l’on songe aux Trois jours du Condor (1975) ou aux Hommes du président (1976), et, en tant que réalisateur, à Sous surveillance (2013) et Lions et agneaux (2007).

Sans être radical, Robert Redford questionne sans relâche et avec une rigueur quasi journalistique les pouvoirs en place. Sans doute parce qu’il est foncièrement attaché à son pays et à ses valeurs. Peut-être aussi parce qu’il sait, mieux que personne, combien il est facile de succomber aux sirènes de l’argent et du pouvoir, ce qu’il mettra en scène, brillamment, dans le très shakespearien Quizz Show (1994). C’est que lui-même, jeune homme et alors qu’il s’est rêvé peintre, n’a su dire non à la fortune que lui promettait Hollywood. D’ailleurs, il a toujours joué le jeu.

Avec élégance, il a su utiliser son aura pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur. « Acteur par métier, mais militant par nature » comme il le dit lui-même, récompensé notamment par un Oscar d’honneur pour sa carrière, ainsi qu’un César d’honneur, Robert Redford sait combien le monde a besoin et de nature et de culture pour vivre et se penser.

Jeremiah Johnson, de Sidney Pollack (EU., 1972, 104 min) suivi de Robert Redford : L’Ange blond de Pierre-Henry Salfati (France, 2019, 52 min). www.arte.tv