Le Gazélec Ajaccio a opté pour la politique de la chaise vide : relégué en National 1 à l’issue de la saison 2018-2019, après sa défaite en barrages contre Le Mans, le club corse a refusé de jouer, vendredi 2 août, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), son premier match de championnat de troisième division. Les Ajacciens ne se sont pas présentés sur la pelouse du stade Bauer, où les joueurs du Red Star n’avaient donc pas d’adversaires et l’ont emporté 3-0, tarif réglementaire pour un forfait.

Sous les sifflets, le coup d’envoi a tout de même été donné par l’arbitre, dans les règles de l’art, à 20 h 15. Le gardien du Red Star, Sébastien Renot, a même fait le show en marquant dans le but, vide, et en célébrant avec des spectateurs mi-amusés mi-déçus ce rendez-vous manqué. Après la fin du match, sifflée dans la foulée, le club de Seine-Saint-Denis a décidé de s’entraîner sur le terrain, pour terminer en beauté cette reprise de championnat rocambolesque.

Le maintien du FC Sochaux en Ligue 2 contesté

Cette situation a pour origine un conflit désormais bien ouvert entre le Gazélec Ajaccio et la Ligue de football professionnel (LFP), qui a donc poussé les Corses à boycotter ce match. Un communiqué a été publié sur le site officiel du Gazélec Ajaccio deux heures avant le début du match, exposant les raisons de cette décision. Le 12 juin, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG, hébergée par la LFP) a condamné le FC Sochaux-Montbéliard (L2) à la rétrogradation en division inférieure (N1) suite à des anormalités budgétaires. Cette décision assurait donc, à ce moment-là, le maintien du Gazélec Ajaccio en Ligue 2 (dix-huitième du championnat).

Sauf que, début juillet, suite à la présentation de nouvelles garanties financières par les Sochaliens, la commission d’appel de l’instance de régulation s’est dite favorable au maintien du club franc-comtois en deuxième division, annulant donc le repêchage du Gazélec. Ce rétropédalage judiciaire a été contesté par le club corse, qui a saisi, le 17 juillet, le tribunal administratif de Paris pour tenter de faire annuler cette décision.

Vendredi soir, la décision n’avait pas été rendue et le club a donc choisi de boycotter le match : « Dans l’attente de l’ordonnance en référé du tribunal administratif de Paris et face au refus de la commission des compétitions nationales de la FFF de reporter le match de ce vendredi 2 août à 20 heures contre le Red Star FC, le GFCA [Gazélec Football Club Ajaccio] n’a d’autre choix que de prendre la douloureuse mais seule décision qui s’impose : ne pas présenter son équipe professionnelle au coup d’envoi de la rencontre », explique le communiqué.

Quelle sanction pour les Corses ?

Après les incidents au début du mois de juin lors du match retour des barrages de Ligue 2 les opposant au Mans, où des Corses avaient agressé certains journalistes et supporteurs manceaux présents pour l’occasion, le Gazélec se retrouve une nouvelle fois sur la sellette. Il devrait être soumis à des sanctions plus lourdes que la simple défaite par forfait (3-0).

L’article 10 du règlement des championnats de National 1 et 2 précise qu’un match perdu par forfait ou pénalité entraîne un retrait d’un point, qui pourrait donc faire commencer le club de l’île de Beauté avec un total négatif. Selon l’article 26 du règlement des championnats de National 1 et 2, le Gazélec Ajaccio pourrait aussi être contraint de verser des indemnités au Red Star, « une indemnité égale à la moyenne des recettes brutes réalisées sur son terrain par ce dernier depuis le début de la saison en cours ».

Enfin, toujours selon cet article, en cas de récidive, c’est la sanction « forfait général » qui pourrait être appliquée au club, entraînant donc une relégation automatique en National 2 et une place de dernier du championnat. Pas de droit à l’erreur, donc, pour les Corses.

Sacha Virga