Zeinab, 26 ans, jeune Beyrouthine indépendante, est l’héroïne du documentaire « La Fille au scooter », de Dima El-Horr. / © AUM FILMS

FRANCE 3 - LUNDI 5 AOÛT À 23H55 - DOCUMENTAIRE

C’est une étrange et attachante balade que propose la réalisatrice Dima El-Horr. Une virée en scooter dans les embouteillages de Beyrouth. Mais aussi une incursion dans le quotidien d’une jeune femme qui, au guidon de son deux-roues, cache son beau visage derrière de grandes lunettes noires. Zeinab, 26 ans, est voilée, chiite, Beyrouthine, pleine de vie, d’humour et d’espoirs. Son job ? Commerciale dans une association qui octroie des micro-crédits à des particuliers dans la banlieue sud de la capitale libanaise. La seule association qui, moyennant un garant, prête à des non-Libanais, ce qui permet de dépanner de nombreux Syriens et Palestiniens présents sur place. Précise dans ses explications, à l’écoute, Zeinab se rend chez les candidats à l’obtention d’un prêt et leur explique les droits et devoirs qu’implique cette demande.

Pour travailler plus efficacement et se faufiler dans la circulation, Zeinab s’est donc offert un scooter. « Au début, on me draguait. Oh, une fille en scooter ! », se rappelle-t-elle en souriant. Comme si rouler en deux-roues était, pour une jeune Libanaise voilée et croyante, un moyen de défier des traditions parfois difficiles à accepter et de jouer avec les codes sociaux. Un jour, Zeinab a décidé de faire repeindre en rose son scooter adoré, ce qui fait qu’elle passe encore moins inaperçue dans les rues. Elle assume, en rigole. Et dans la jungle urbaine, elle n’hésite pas à prendre soudain une rue à contre-sens pour gagner du temps. « On est au Liban, non ? » s’écrie-t-elle.

Le rappel à l’ordre du petit copain

Dima El-Horr ne se contente pas de filmer Zeinab, caméra à l’épaule, assise derrière elle sur le scooter. Elle la suit dans la modeste cuisine de sa mère où les deux femmes évoquent la vie, un éventuel mariage. Elle l’accompagne dans un bar, au restaurant, à la mosquée. Séquences maquillage et fous rires alternent avec prières. Elle filme aussi les rencontres entre Zeinab et ses copines, qui évoquent « la vie à l’orientale » et les blocages qui vont avec. Le petit copain de Zeinab n’aime pas quand elle se maquille et lui demande de mieux fermer son voile, à l’occasion d’une course chez le poissonnier. « On voit ton cou ! », lui dit-il. Zeinab ne se laisse pas faire. Lorsqu’elle allait à l’école, non mixte, elle avait droit à un cours de religion hebdomadaire. Elle ne regrette rien. Mais ne se laissera visiblement jamais marcher sur les pieds.

La Fille au scooter, réalisé par Dima El-Horr (Fr., 2019, 52 min).