« Luxueux appartement de 95 m2, deux chambres, salon, cuisine américaine, loggia de 15 m2, à 12 minutes à pied de Roland Garros » : voilà l’annonce postée, en juin, par Mme S, sur le site Airbnb. Elle propose cet appartement situé boulevard Suchet, en bordure du bois de Boulogne, dans le 16e arrondissement, contre 225 euros la nuit, mais il s’agit, comme l’a révélé Le Parisien dans son édition du 22 juillet, d’un logement social attribué à Mme S. en 2016, pour lequel elle honore un loyer mensuel de 950 euros et qu’elle a donc interdiction absolue de sous-louer.

Son propriétaire, Paris Habitat, a découvert la situation dans la presse et immédiatement engagé une procédure en résiliation du bail. « C’est notre seul moyen de riposte, explique Stéphane Bettiol, directeur adjoint de Paris Habitat, et nous avons une vingtaine de procédures de ce type en cours. Nous nous intéressons d’ailleurs désormais de près à la localisation des appartements affichés sur le site Airbnb bien que, depuis 2017, leur géolocalisation soit intentionnellement moins précise pour nous compliquer la tâche. » Airbnb de son côté a mis plus d’une semaine à retirer cette annonce de sa plate-forme.

Alertés par les gardiens

Le nombre de logements sociaux illégalement proposés à la location saisonnière à Paris sur le seul site Airbnb serait de 882. « Ce sont, en général, les gardiens d’immeubles qui nous alertent sur les allées et venues de touristes avec leurs valises à roulettes, raconte M. Bettiol, mais il est sans doute temps de passer à la vitesse supérieure et de faire appel aux données numériques. »

Le site Insideairbnb.com, créé par le chercheur américain Murray Cox, aspire ainsi régulièrement toutes les données du site Airbnb et met à la disposition du grand public des informations complètes sur, en France, son activité à Paris, Lyon et Bordeaux. On peut y trouver non seulement les adresses exactes des lieux, leur taux d’occupation, mais aussi le nombre de logements d’un même propriétaire, parfois plusieurs dizaines trahissant une activité purement commerciale.

Sollicitée, la société Airbnb France répond, par mail : « Nous faisons preuve d’une tolérance zéro pour les activités de sous-location de logements sociaux et nous travaillons avec les bailleurs sociaux parisiens pour supprimer de telles annonces à chaque fois qu’ils nous les signalent », ce qui revient à admettre qu’elle ne vérifie pas, en amont, le statut du logement ni qui est son véritable propriétaire.