Les Emirats arabes unis (EAU) ne veulent plus apparaître comme le faucon du golfe Arabo-Persique. Craignant un embrasement de la région, théâtre d’une guerre des nerfs entre l’Iran et le camp proaméricain, la fédération de sept principautés, dirigée par l’émirat d’Abou Dhabi, a envoyé depuis fin juin plusieurs signaux d’apaisement en direction de Téhéran.

Le dernier en date, survenu le 30 juillet, a consisté en une rencontre, sur le sol iranien, entre le chef des gardes-côtes émiratis et son homologue au sein de la République islamique. Au cours de cette réunion, la première de ce genre en six ans, les deux hommes ont discuté de coopération et de sécurité maritime, un sujet particulièrement sensible au moment où les sabotages et les arraisonnements de tankers se multiplient dans le Golfe.

A la fin juin, interrogé sur les quatre navires endommagés quelques semaines plus tôt au large de Foujeyra, l’une des cités-Etats des EAU, le ministre des affaires étrangères émirati, Abdallah Ben Zayed, s’était soigneusement abstenu d’incriminer l’Iran, contrairement à ses deux principaux alliés, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, qui ont formellement accusé Téhéran.

Inflexion diplomatique notable

Abou Dhabi a aussi annoncé début juillet le retrait d’une partie de ses forces déployées au Yémen, où depuis 2015 elles combattent les houthistes, une rébellion pro-iranienne, au sein d’une coalition pilotée par Riyad. Ces gestes successifs visent à faire baisser la tension dans le Golfe, parvenu à un niveau inquiétant pour les Emirats, qui redoutent d’être la cible de frappes iraniennes en cas de conflit. « Les EAU font tout ce qu’ils peuvent pour montrer que si une guerre éclate, ce ne sera pas leur faute », assure Abdulkhaleq Abdulla, un politiste émirati.

De la part d’un Etat que l’ancien secrétaire à la défense américain James Mattis avait appelé en 2014 « petite Sparte », en raison de son militarisme de plus en plus prononcé, l’inflexion diplomatique est notable. Cette évolution a été nourrie en partie par l’absence de réaction de Washington à la destruction de l’un de ses drones, le 20 juin, par la défense aérienne iranienne. « On s’attendait à une riposte et Trump a reculé. A quoi bon cette escalade si les Etats-Unis ne sont pas derrière nous ? », s’interroge l’universitaire.

La nouvelle posture émiratie s’apparente pour l’instant davantage à un changement de tactique que de politique. Abou Dhabi demeure un ferme partisan de la politique de « pression maximale » de l’administration Trump, à base de sanctions paralysantes, que l’Iran interprète comme une guerre économique de facto. « Il est sage que les EAU continuent à se conformer aux sanctions tout en poussant à la désescalade, affirme Abdulkhaleq Abdulla. Il n’y a pas de contradiction là-dedans. » Pas sûr que le pouvoir iranien partage ce point de vue.