L’hôtel Anantara à Hua Hin, en Thaïlande.  Selon le Quai d’Orsay, plus de 13 000 Français seraient expatriés dans l’ancien royaume de Siam. / AGF FOTO / LUCA INVERNIZZI TETTONI / BIOSPHOTO

Les plages de Thaïlande et la douceur de vivre au pays du Sourire font rêver les Français, surtout ceux qui parlent un peu anglais. Leurs destinations préférées : la presqu’île de Phuket et l’île de Koh Samui, à une heure d’avion de Bangkok.

Si Pattaya, épicentre du tourisme sexuel, est un point de chute à éviter, Hua Hin, station balnéaire huppée située à 200 km au sud de Bangkok séduit aussi les seniors. Lieu de résidence d’été de la famille royale, c’est un peu le « Deauville thaïlandais ». Enfin, au nord du pays, Chiang Mai a tout pour plaire à ceux qui préfèrent la beauté rude des montagnes au sable et aux palmiers.

Selon le Quai d’Orsay, plus de 13 000 Français seraient expatriés dans l’ancien royaume de Siam. Ils apprécient la qualité des infrastructures (routes, aéroports, écoles, hôpitaux…), parmi les meilleures d’Asie. Surtout, selon les endroits, la vie y coûterait deux à trois fois moins cher qu’en France.

Kata Yai Beach, à Phuket. Grâce à son aéroport international, la presqu’île attire un nombre croissant de touristes. / TIBOR BOGNAR / PHOTONONSTOP

Cela reste vrai, même si l’euro a dévissé ces dernières années face au baht thaïlandais : il ne faut plus que 35 bahts pour faire 1 euro, contre 50 bahts en 2006, soit un plongeon de 30 %.

« Il est très facile de déjeuner dans la rue pour 1 ou 2 euros, et faire faire le ménage dans une grande maison ne coûte qu’une dizaine d’euros », confie un expatrié français à Phuket.

« C’est d’abord une destination de vacances. La plupart ne veulent pas couper définitivement les ponts avec la France, notamment à cause de l’aspect médical », explique Michel Guggenbuhl, agent immobilier et fondateur du portail de petites annonces Untoitdanslemonde.com.

Prix de l’immobilier relativement stables

Si le système de santé est de qualité – beaucoup de médecins thaïlandais sont formés à Singapour ou aux Etats-Unis –, il est essentiellement privé. Des soins de base sont délivrés dans les hôpitaux publics, mais une carte bancaire vous sera demandée dès que vous franchirez la porte d’un établissement privé.

Aussi, depuis le 1er janvier, le gouvernement exige un certain niveau de ressource pour délivrer un visa à ceux qui veulent s’installer dans le pays : pour l’obtenir, il faut être capable de virer l’équivalent de 22 000 euros tous les six mois (ou 1 800 euros par mois) sur un compte bancaire en Thaïlande.

Hat Lamai beach, sur l’île de Koh Samui, à une heure d’avion de Bangkok. / TIBOR BOGNAR / PHOTONONSTOP

Quel est le profil des Français qui choisissent la Thaïlande ? « Ce sont surtout des baby-boomeurs, ils ont entre 60 et 70 ans et veulent vivre près de la mer en conservant un niveau de vie élevé après leur retraite », précise M. Guggenbuhl.

Comme on construit beaucoup en Thaïlande, les prix de l’immobilier sont relativement stables. Il n’y a pas de flambée des prix, sauf sur le littoral, quasiment inabordable pour un acheteur français.

Pour un budget compris entre 200 000 euros et 250 000 euros, il est possible d’acheter une maison de 120 à 150 mètres carrés à une dizaine de minutes des plages, avec deux ou trois chambres, une terrasse et une piscine. Un détail : les terrasses sont comptées dans la surface habitable en Thaïlande. Il y a généralement très peu de terrain, car la plupart des Thaïlandais préfèrent vivre dans des intérieurs climatisés plutôt qu’en extérieur.

Un marché de nuit à Chiang Mai. / STEVE SMITH / TETRA IMAGES / PHOTONONSTOP

Eviter les risques liés aux tsunamis

Et les appartements ? Sur la presqu’île de Phuket, à 2,5 kilomètres de la plage de Kamala, il est possible d’acheter un grand appartement meublé de 110 m² avec deux chambres et deux salles de bains pour 200 000 euros. Une maison située directement sur le littoral est beaucoup plus chère : comptez au moins 2 millions d’euros. Mais il suffit de s’enfoncer d’un ou deux kilomètres dans les terres pour que les prix chutent.

A noter : les plages ne sont jamais privées en Thaïlande. Le littoral étant protégé, la valeur des maisons construites sur le front de mer, déjà élevée, devrait continuer à augmenter, notamment dans les zones les plus touristiques. Cela peut donc être un bon investissement, mais les experts estiment qu’il vaut mieux s’installer au moins à 1,5 km des plages pour éviter les risques liés aux tsunamis.

Les lumières de la nuit à Pattaya Beach, épicentre du tourisme sexuel en Thaïlande. / EURASIA PRESS / PHOTONONSTOP

Attention, la loi n’autorisant pas un étranger à devenir définitivement propriétaire d’une parcelle de terrain en Thaïlande, la norme étant de conclure un bail de trente ans, renouvelable deux fois. « La ruse consiste à créer une société pour acheter le terrain en rémunérant des actionnaires locaux “fantômes”. Si un tel montage est courant, il n’est pas exempt de risques juridiques, insiste M. Guggenbuhl. Il y a beaucoup d’arnaques. Par exemple, des étrangers ne parlant pas le thaï peuvent signer un contrat en pensant devenir propriétaires alors qu’il s’agit d’une simple location ! »

Pour devenir pleinement propriétaires, certains acheteurs étrangers préfèrent acheter dans des condominiums, qui sont des immeubles détenus en copropriété. Il suffit que 51 % du bâtiment soit détenu par des locaux pour que la loi soit respectée. De même, il est possible de devenir propriétaire d’une maison en toute sécurité juridique en achetant dans une copropriété « horizontale ». Cette option permet d’être en accord avec la loi des 51 % et de sécuriser la revente. L’acheteur est alors propriétaire de la maison en propre et copropriétaire du sol. De façon générale, mieux vaut solliciter des agents immobiliers qui ont pignon sur rue et se méfier de ceux qui viennent vous démarcher.

La location de logements de courte durée est illégale

Il n’y a pas de notaires en Thaïlande, il est nécessaire de recourir aux services d’un avocat pour boucler une vente, ce qui coûte de 1 % à 2 % du montant de la transaction. Si vous envisagez de rentabiliser votre acquisition en louant le bien sur Airbnb et consorts, sachez que la location de logements de courte durée (moins de trente jours) est illégale.

Koh Samui, temple de Wat Khunaram. / REINHARD SCHMID / SIME / PHOTONONSTOP

Seuls les hôtels ont le droit de louer un bien à la journée. La police thaïe fait la guerre aux locations journalières : des centaines de procédures sont menées à Bangkok, Pattaya, Hua Hin, Koh Samui et Phuket. Les sanctions pouvant aller jusqu’à l’expulsion du pays, mieux vaut donc opter pour la location « classique », qui est rentable en Thaïlande.

Les agents immobiliers annoncent des rendements compris entre 6 % et 10 %. La haute saison touristique s’étend de novembre à avril. Si vous n’êtes pas sur place, vous devrez passer par une société spécialisée qui s’occupera de tout, moyennant 30 % des loyers.

La fiscalité est douce pour les Français, notamment parce que la convention fiscale franco-thaïlandaise évite la double imposition des revenus. Il n’existe ni taxe foncière ni taxe d’habitation dans ce pays ; les loyers sont imposés au taux de 12,5 % et il n’y a pas de droit de succession jusqu’à 2,9 millions d’euros.