Alger, le 29 mars 2019. / AFP

Le chef de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, a jugé, jeudi 8 août, que les revendications « fondamentales » du mouvement de contestation avaient été satisfaites, estimant que l’objectif était désormais l’élection présidentielle. Celle-ci, à l’origine prévue début juillet, n’avait pu être organisée faute de candidats.

Depuis le 22 février, l’Algérie est secouée par un mouvement de contestation, marqué par des rassemblements hebdomadaires contestant d’abord le régime du président Abdelaziz Bouteflika puis, après sa démission le 2 avril, exigeant le départ de ses anciens fidèles encore au pouvoir – au premier rang desquels le chef d’état-major de l’armée.

Vingt-quatrième vendredi de contestation

« L’armée (…) qui a accompagné depuis le début les revendications du peuple algérien, exprimées à travers les marches pacifiques, considère aujourd’hui (…) que les revendications fondamentales ont été entièrement réalisées », a déclaré le chef d’état-major, désormais véritable homme fort du pays, selon un communiqué du ministère de la défense. « Certains groupes (…) s’acharnent à rejeter toutes les initiatives présentées et tous les résultats obtenus, en scandant des slogans tendancieux et lançant des appels douteux », a-t-il ajouté. Le 2 août, lors du 24vendredi de contestation, les Algériens avaient prôné pour la première fois la « désobéissance civile ».

Le général Ahmed Gaïd Salah a exhorté en outre les médias nationaux à « ne pas succomber aux tromperies des ennemis de la nation, mais de contribuer de manière constructive, efficace et positive dans ce noble processus national décisif pour la vie de la nation ». Il a salué le travail de l’Instance nationale de dialogue et de médiation chargée par le président par intérim, Abdelkader Bensalah, de mener des consultations sur les modalités de la future présidentielle.

Des manifestants toujours emprisonnés

La semaine passée, il avait rejeté « catégoriquement » toute condition préalable au dialogue après que l’instance eut réclamé des mesures d’apaisement avant tout dialogue, dont la libération de manifestants. Lors d’une conférence de presse jeudi, Karim Younes, ex-président de l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse) et ancien ministre de M. Bouteflika, devenu coordonnateur du « panel de médiation », a de nouveau réclamé la libération des manifestants.

Il a dit avoir « bon espoir » qu’ils soient libérés, annonçant notamment celle de Nadir Fetissi, un manifestant arrêté pour avoir brandi le drapeau berbère.

Selon M. Younes, l’instance souhaite programmer une conférence nationale pour désigner une commission d’organisation et de contrôle des élections et « élaborer une feuille de route » du prochain mandat présidentiel. Mercredi, ce panel s’est réuni pour la première fois avec des personnes présentées comme des militants du hirak, le mouvement de contestation.

Lors de cette réunion, la majorité des intervenants ont estimé que la présidentielle devait se tenir rapidement et sans intervention du gouvernement de Noureddine Bédoui, accusé d’être un « représentant de la fraude ».

Algérie : des manifestants joyeux et déterminés après les annonces d'Abdelaziz Bouteflika
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