«  Pedro II, le dernier empereur du Brésil », l’un des numéros du magazine de Stéphane Bern, « Secrets d’histoire ». / SEP / FRANCE 2

FRANCE 2 - JEUDI 8 AOÛT À 21 H 05 - MAGAZINE

Marie Stuart, le prince Charles, la marquise de Sévigné… Les Secrets d’histoire, pour ne citer que les derniers, s’intéressent généralement à des personnages historiques connus de tous. A cette aune, Pedro II (1825-1891) fait figure d’exception, excitant par là même la curiosité et décuplant l’intérêt. Qui est ce second et dernier empereur qui régna sur le Brésil pendant plus de cinquante-huit ans ? Selon un procédé éprouvé, qui alterne témoignages d’historiens, images d’archives, ébauches de saynètes reconstituées et intermède patrimonial, Stéphane Bern retrace la vie d’un dirigeant à l’enfance solitaire, passionné de sciences, de techniques, de littérature, et qui aurait rêvé être… professeur à la Sorbonne.

Le destin en décida autrement. Orphelin de mère à 1 an, son père, Pedro I, lui laisse les clés du pays alors qu’il n’a que 5 ans. « Je confie cet enfant à toutes les femmes du Brésil », écrit le père avant de partir en Europe. Cet abandon se révélera être une chance. Le peuple va en effet faire corps avec le petit monarque. De son côté, le garçonnet prend conscience très jeune de ses responsabilités et travaille dur. Dans sa tâche, il peut compter sur Raphaël, un serviteur, et sur « Dadame », sa gouvernante et mère de substitution.

Européaniser le Brésil

Il n’en est pas moins très seul et s’évade par la lecture. Il se passionne pour la science, les technologies, la photographie. Il sera le premier Sud-Américain à posséder un téléphone. Il rêve de voyages… De cette accumulation précoce de savoirs, il se forge la conviction que, pour assurer le bonheur de son peuple, il doit moderniser le Brésil, et donc l’européaniser.

Devenu un grand et bel homme, sa barbe lui donne un air supérieur à l’opposé de sa personnalité. Au palais de Saint-Christophe à Rio, il préfère ainsi la résidence de Petropolis, qu’il a fait construire en forêt, à une soixantaine de kilomètres. Il est de plus un des monarques les plus modernistes de son siècle, instaurant la liberté de la presse et fixant comme priorités : l’éducation, l’hygiène et la suppression de l’esclavage. « Mon sang est le même que celui qui s’écoule dans le corps des esclaves noirs. » Un discours peu apprécié des riches propriétaires des plantations et des citadins : avec 250 000 habitants dont 100 000 esclaves, « Rio est une ville noire », souligne le commentaire.

Pedro II, empereur : « Le Brésil est le pays de mon cœur et la France celui de mon intelligence »

Sur la forme, la mise en scène désuète du magazine est contrebalancée par les images magnifiques de la baie de Rio, entre le Corcovado et le Pain de sucre, par la qualité des interventions des historiens, et par la fougue de l’un d’eux, Guy Gauthier. Celui-ci n’y va ainsi pas par quatre chemins pour décrire la première rencontre entre Pedro II et l’impératrice de Bourbon-Siciles qu’il épousera à 18 ans : « Il a un choc terrible. Boiteuse, grassouillette, son visage est loin de celui d’une madone. »

Le couple aura néanmoins deux filles, Léopoldine (prénom peut-être donné en hommage à Victor Hugo, écrivain qu’il admire et rencontrera à la fin de sa vie) et Isabelle, elle aussi « ingrate, c’est le moins que l’on puisse dire », insiste Guy Gauthier, mais intelligente, cultivée, généreuse, et à laquelle il confiera la régence à 25 ans. Pedro II quitte, lui, le Brésil fin 1889 et meurt de pneumonie à Paris, le 5 décembre 1891. « Le Brésil est le pays de mon cœur et la France celui de mon intelligence », avait-il coutume de déclarer.

«  Pedro II, le dernier empereur du Brésil », l’un des numéros du magazine de Stéphane Bern, « Secrets d’histoire ». / SEP / FRANCE 2

Secrets d’histoire : Pedro II, le dernier empereur du Brésil, magazine présenté par Stéphane Bern, sur une idée originale de Jean-Louis Remilleux (Fr., 125 min). www.france.tv/france-2/secrets-d-histoire et www.francetvpro.fr