ARTE - VENDREDI 9 AOÛT À 22 H 45 - DOCUMENTAIRE

Le jour de sa naissance, le 11 mai 1941, l’hôpital de Newcastle était la cible de bombardements allemands. Naître sous les bombes n’est pas anodin, la carrière d’Eric Burdon ne l’est pas non plus. Dans ce documentaire, l’ancien chanteur des Animals retrace son parcours, et le voyage vaut le déplacement. On l’oublie trop vite, mais au début des années 1960, trois groupes anglais se partagent gloire, hystérie et tubes en rafales : les Beatles de Liverpool, les Rolling Stones londoniens et les Animals de Newcastle, emmenés par un drôle de chanteur, petit prolo au regard triste, à la voix puissante et n’esquissant jamais un sourire.

Explorateur musical, agitateur, militant pacifiste, Eric Burdon a gardé, à près de 80 ans, une énergie folle. Et entendre, comme c’est le cas dans ce documentaire, des légendes vivantes lui tresser des louanges donne presque la chair de poule, tant l’émotion est palpable. « Pour notre génération, Eric et les Animals étaient à Newcastle ce que les Beatles étaient à Liverpool ! Un modèle », souligne Sting, lui aussi originaire de Newcastle. Pour Bruce Springsteen, les Animals représentent bien plus qu’un bon groupe : « Le premier disque avec une conscience de classe que j’ai écouté ! », se rappelle-t-il, ému. Pour Patti Smith : « Eric est un des plus grands artistes de notre époque. »

La mythique Corvette 357

On se laisse emporter par la fougue des Animals, par les images d’archives inédites (comme cette tournée triomphale derrière le rideau de fer, à Varsovie en 1965) et par les multiples anecdotes de Burdon, vieux fauve qui mord encore. Comme ce triste épisode qui voit l’un des musiciens (Alan Price) déclarer les droits d’auteur du tube The House of the Rising Sun à son seul nom, privant ainsi le reste du groupe de quelques millions de dollars de royalties. Souvenir de partouze avec John Lennon, de concert avec Jimi Hendrix, tout y passe et on en redemande.

Des millions, Burdon en a perdu mais aussi gagnés au cours d’une carrière jamais terminée. Après les Animals, il y eut les New Animals, puis War avec des musiciens noirs de Los Angeles. Aujourd’hui encore, Burdon donne des concerts, avec son nouveau groupe. Musique, politique, amour… et aussi sa mythique Corvette 357 : « Même garée, elle avait l’air de rouler à 250 km/h ! », se rappelle t-il, esquissant un sourire derrière ses lunettes noires. Un drôle d’animal.

Eric Burdon, rock’n’roll animal, documentaire de Hannes Rossacher (All., 2019, 59 min). www.arte.tv