Des croix en hommage aux victimes de l’attentat, le 6 août, à El Paso. / Callaghan O'Hare / REUTERS

L’homme qui a tué vingt-deux personnes samedi 3 août dans un magasin de la chaîne Walmart d’El Paso, ville du Texas à majorité hispanique, visait spécifiquement « les Mexicains », ont indiqué les autorités américaines, rapportant les déclarations du terroriste.

Arrêté peu après l’attaque, Patrick Crusius, 21 ans, a rapidement renoncé à son droit de garder le silence et a confirmé aux policiers le motif raciste de son attaque. Des dires semblables au manifeste qu’il avait publié sur le site controversé 8chan avant son passage à l’acte, où il dénonçait une « invasion hispanique du Texas ». « Ils en sont les instigateurs, pas moi », justifiait l’auteur, après avoir expliqué qu’il « soutient le tueur de Christchurch », Brenton Tarrant, qui a massacré 51 personnes dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande en mars. Sa haine des Hispaniques se serait forgée après « avoir lu Le Grand Remplacement », théorie sur la prétendue substitution d’une population par une autre, référence directe au texte manifeste de Brenton Tarrant.

Rhétorique de l’invasion

Vingt-deux personnes ont été tuées et environ deux douzaines ont été blessées. La plupart des victimes ont des noms de famille hispaniques et huit sont des ressortissants mexicains. A El Paso, ville frontalière de 680 000 habitants faisant face à la ville mexicaine de Ciudad Juarez, 80 % de la population est hispanique, selon des statistiques datant de 2018.

Dimanche soir, Donald Trump a assuré que la « haine » n’avait pas sa place aux Etats-Unis, et a imputé la fusillade d’El Paso à un « problème de maladie mentale ». Cette prise de parole intervient après que plusieurs candidats à l’investiture du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de 2020 ont directement accusé le président américain d’avoir créé un contexte permettant cette attaque, notamment à cause de sa rhétorique incendiaire contre les Hispaniques. « Donald Trump est responsable de ce qui s’est passé. Il est responsable parce qu’il attise les peurs, la haine et le fanatisme », a déclaré le sénateur Cory Booker sur CNN. L’ancien représentant démocrate d’El Paso, Beto O’Rourke, a également dénoncé le « racisme » du président des Etats-Unis, tandis que le sénateur Bernie Sanders l’a qualifié de « xénophobe » qui tente de faire jouer les ressorts du « nationalisme blanc ».

Donald Trump s’est effectivement fait en partie élire en traitant les Mexicains de violeurs et évoque régulièrement une invasion des Etats-Unis par les migrants d’Amérique centrale. Le manifeste du terroriste d’extrême droite reprend en effet, parfois mot pour mot, la rhétorique développée par le milliardaire conservateur durant sa campagne.

250e fusillade de masse en 2019

Les Etats-Unis, où le port d’armes est légal, sont régulièrement endeuillés par des fusillades qui touchent aussi bien les écoles que les lieux de culte, de travail ou de commerce. Cette fusillade, la sixième la plus meurtrière en vingt-cinq ans, est la première d’un week-end particulièrement meurtrier : quelques heures après, à l’autre bout du pays, à Dayton, dans l’Ohio, une autre fusillade a fait neuf morts et des dizaines de blessés.

Le ministre de la justice, William Barr, a promis de traduire rapidement en justice le responsable du massacre.

Donald Trump et le racisme : une arme politique dangereuse
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