Le nouvel entraîneur de l’OM, André Villas-Boas lors du match amical face à Naples, le 4 août. / GERARD JULIEN / AFP

Faire mieux avec moins. C’est le difficile challenge proposé au nouvel entraîneur de l’Olympique de Marseille, André Villas Boas, qui débute sa saison avec la réception de Reims, samedi 10 août au stade Vélodrome. Contrainte par le fair-play financier, la direction du club phocéen a opéré un changement de cap dans sa stratégie de conquête des sommets. Fini le « Champion’s project », ses transferts et ses salaires, place au « Centre de Formation’s project » et à ses perspectives d’équilibre budgétaire. Un véritable pari pour l’OM qui n’a historiquement jamais été un club formateur et dont les supporteurs sont aussi connus pour leur ferveur que pour leur impatience.

Dans un entretien accordé au journal l’Equipe le 10 juillet dernier, le président de l’OM Jacques-Henri Eyraud avait développé le nouvel axe de développement du club basé sur la formation et la post-formation. « Fair-play financier ou pas, notre trajectoire financière n’était plus soutenable sur un cycle aussi long. On se serait dirigés vers l’équilibre financier, c’est nécessaire. Un club n’est pas une danseuse ou un gadget, c’est une entreprise », avait-il ensuite précisé. « On va passer à un modèle qui reposera sur la formation, sur la post-formation, sur des profils à former, à valoriser, et sur la diversification des sources de revenus. »

Nouvel organigramme pour le centre de formation

Outre le technicien portugais, la direction de l’OM a aussi, et surtout (?), fait venir Nasser Larguet, ancien directeur technique national du Maroc, pour prendre la tête du centre de formation du club, nouvelle pierre angulaire du projet olympien. Nasser Larguet, inconnu du grand public mais référence de la formation passé notamment par Cannes, Caen et Le Havre, aura donc la lourde tâche de développer le projet initié depuis la reprise du club par l’Américain Franck McCourt. Peter Luccin, Jonathan Zebina, Bernard Mendy, Lassana Diarra, Mathieu Bodmer, Steve Mandanda ou encore Kevin Gameiro, pour ne citer que les plus connus, sont tous des joueurs qui sont passés ou ont été formés dans un centre dirigé par Nasser Larguet.

Ce n’est pas le seul changement opéré par la direction du club. L’ancien attaquant professionnel Philippe Anziani (57 ans) a ainsi été nommé pour diriger l’équipe réserve de l’OM qui évolue en Nationale 2 cette saison, assisté de Maxence Flachez. En charge des moins de 17 ans la saison passée, le duo composé d’Olivier Jannuzzi et de Jacques Abardonado monte d’une catégorie et s’occupera désormais des moins de 19 ans. Stéphane François et Éric Berberian, en tant qu’adjoint, récupèrent ainsi la catégorie U17.

Avec ce nouvel organigramme, l’OM entend mieux structurer le programme lancé par la nouvelle direction au moment du rachat du club et start-upement intitulé « OM next Generation. » Ce projet vise à recréer un lien entre les clubs amateurs de la ville et l’OM pour favoriser la venue de jeunes espoirs de la région jusque-là plus enclins à rejoindre Monaco, Nice ou Montpellier. Une opération de communication pour certains, une étape indispensable pour d’autres.

« La saison sera difficile »

Aujourd’hui, le club phocéen compte 22 partenariats avec des clubs comme l’AS Gémenos, le FC Martigues, le Burel FC, Luynes Sports ou encore dernièrement le Marignane Gignac FC. Les plus grands clubs amateurs, eux, bénéficient d’un partenariat de type « élite » ou « champion. » Des tractations sont également en cours avec le club d’Air Bel, considéré comme le meilleur club formateur de la région, et qui avait repoussé une première proposition de rapprochement il y a trois ans.

« On ne peut pas comparer l’OM à Dijon, comme au niveau amateur on ne peut pas comparer Air Bel avec un autre club, justifiait le fondateur du club, Chaïb Draoui. Dans ce partenariat, on doit nous mettre dans une catégorie à part, pas dans la même que tout le monde. Aujourd’hui, la direction de l’OM est en train de réfléchir pour trouver des solutions. C’est une bonne chose pour faire avancer le club et le foot marseillais ».

Dans tous les cas, ce programme ne portera ses fruits que dans quelques années. L’entraîneur de l’OM devra entre-temps faire avec les moyens du bord. « L’effectif va être un peu plus court et composé de jeunes joueurs, la saison sera difficile », avait-il précisé, avec une pointe de dépit dans la voix, en conférence de presse. Jacques-Henri Eyraud assurait pourtant avoir été très transparent avec son nouvel entraîneur : « On a clairement annoncé la couleur et expliqué qu’on allait tourner une page, avoir des contraintes financières réelles. Il l’a accepté. » Après Boubacar Kamara et Maxime Lopez, dignes mais seuls représentants de la formation marseillaise en équipe première, André Villas-Boas va donc intégrer dans l’effectif professionnel plusieurs jeunes issus du centre de formation.

Des jeunes intégrés dès cette saison

Lucas Perrin, 20 ans, sera ainsi le quatrième défenseur central du groupe derrière Kamara, Caleta-Car et Rami, contre qui une procédure de licenciement est engagée. Le milieu de terrain Florian Chabrolle, 21 ans, très en vue lors du carton olympien face à DC United (8-1) en match de préparation et qui avait impressionné son entraîneur par son aisance technique devrait aussi se voir accorder du temps de jeu cette saison. Reste aux dirigeants marseillais à conclure les négociations avec le jeune et talentueux espoir Isaac Lihadji, pépite du centre de formation de l’OM courtisée par de nombreux clubs européens, mais dont la signature du premier contrat professionnelle tarde à se conclure.

Habituel grand animateur du mercato estival, l’OM s’est donc pour l’instant montré très sage sur le front des transferts. Seule deux recrues sont venues garnir le groupe marseillais : le défenseur espagnol Gonzalez, en provenance de Villareal, et l’attaquant argentin Dario Benedetto, qui a quitté Boca Juniors. Dans le même temps, l’OM n’a enregistré que deux départs (Clinton Njie et Lucas Ocampos pour une vingtaine de millions d’euros) et n’a pas (encore) réussi à se délester de ses joueurs aux salaires mirifiques et qui pèsent lourd dans le budget du club.

Avec un calendrier allégé (l’OM ne disputera pas de compétition européenne cette saison) et un effectif presque inchangé, l’équipe a le potentiel pour terminer sur le podium de la Ligue 1. Les matchs de présaison (victoire au tournoi EA Ligue 1 Games et courte défaite face à Naples notamment) ont laissé entrevoir quelques motifs d’espoir aux supporteurs marseillais, échaudés après une saison 2018/2019 catastrophique. Il leur en faudra un peu plus pour adhérer au nouveau projet de la direction olympienne.