Vincenzo Vecchi est poursuivi pour des violences lors du G8 de Gênes, en 2001. Le sommet avait donné lieu à de violents face-à-face entre policiers et manifestants altermondialistes. / DAMIEN MEYER / AFP

Un activiste italien, condamné à treize ans de prison en Italie et recherché depuis le G8 de Gênes en 2001, a été arrêté jeudi en Bretagne et incarcéré, a révélé, samedi 10 août, le parquet général de Rennes à l’Agence France-Presse (AFP).

Après dix-huit ans de cavale, Vincenzo Vecchi, répondant au nom de « Vecchi » a été « interpellé jeudi 8 août dans le Morbihan par la brigade nationale de recherche des fugitifs sur le fondement de deux mandats d’arrêt européens délivrés par les procureurs de Milan et de Gênes », a indiqué l’avocat général du parquet général de Rennes Pascal Bougy. Des mandats d’arrêts européens avaient été délivrés « à la suite de condamnations pénales prononcées par les tribunaux de ces villes », a précisé M. Bougy.

L’avocat général a confirmé à l’AFP que l’arrestation de cet homme recherché depuis 2001 est liée à deux condamnations en Italie, elles-mêmes liées à sa participation au G8 de Gênes en juillet 2001 où un manifestant avait trouvé la mort.

« Il a été déféré vendredi 9 [août] à la cour d’appel de Rennes où le magistrat délégué par le premier président l’a incarcéré, conformément au code de procédure pénale en l’attente de sa comparution devant la chambre d’instruction [mercredi] 14 août à 9 heures », a-t-il ajouté sans autres détails.

« Complètement intégré à la vie locale »

Un collectif de soutien dénommé « Soutien Vincenzo » a confirmé dans la soirée dans un communiqué que l’Italien arrêté est Vincenzo Vecchi, un homme âgé d’une quarantaine d’années, connu localement et qui vivait depuis plusieurs années dans une commune proche de Rochefort-en-Terre où ce collectif d’habitants s’est créé. Selon le collectif, Vincenzo Vecchi a été incarcéré à la prison de Vézin-le-Coquet près de Rennes.

« Il n’était membre d’aucune organisation politique » et « avait choisi de fuir cette condamnation injuste et disproportionnée. Il vit depuis 8 ans sur notre territoire [Pays de Questembert] et s’est complètement intégré à la vie locale », a affirmé le collectif. « Nous nous opposons à ce que l’Etat français livre Vincenzo aux autorités italiennes, qui ne manqueront pas l’opportunité d’en faire un exemple », a-t-il ajouté.

Selon le collectif, Vincenzo Vecchi a été condamné en Italie pour « dévastation et saccage » au G8 de Gênes, la justice lui reprochant également sa participation à une manifestation antifasciste, non autorisée, à Milan en mars 2006. Le G8 de Gênes, organisé en juillet 2001, avait donné lieu à des confrontations très violentes entre la police italienne et des manifestants altermondialistes et antifascistes dans la capitale de la Ligurie.

La mort d’un militant, tué par une balle tirée par un policier, et l’interpellation dans l’école Diaz de Gênes puis la détention de plusieurs de dizaines de manifestants et de journalistes ont fortement marqué l’opinion publique italienne. Les manquements observés, notamment par la Cour européenne des droits de l’homme, sur la judiciarisation des violences policières constatées, ont renforcé le statut particulier du G8 de Gênes dans l’histoire des mobilisations sociales italiennes.

Une affaire « politique et urgente »

« Etant donné le contexte actuel en Italie, cette affaire nous apparaît éminemment politique et urgente », ajoute le collectif qui entend « se mobiliser contre une procédure d’extradition en cours » et juge « inadmissible que notre gouvernement, se prévalant d’être le défenseur européen de l’humanisme et des Droits Humains, cautionne cette discrimination politique ».

« Il y a une émotion ici qui est très forte », a déclaré Jean-Pierre, un porte-parole du collectif, joint par l’AFP. Celui-ci a indiqué qu’une cinquantaine de personnes « très touchées par l’arrestation de Vincenzo » se sont réunies samedi soir dans un café associatif de la commune pour « discuter des moyens d’agir et d’aider d’une manière ou d’une autre Vincenzo ».