Des policiers libyens à l’aéroport de Mitiga, près de Tripoli, le 8 avril 2019. / MAHMUD TURKIA / AFP

Des tirs de roquettes ont visé l’aéroport de Mitiga, le seul fonctionnel de Tripoli, dimanche 11 août, en violation d’une trêve entre les belligérants qui s’affrontent depuis plus de quatre mois autour de la capitale libyenne. Situé à quelques kilomètres à l’est de la ville, Mitiga se trouve dans la zone contrôlée par le gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli.

« L’aéroport de Mitiga a été la cible de tirs au matin du premier jour de l’Aïd al-Adha », a indiqué la direction de l’aéroport sur Facebook. Le trafic aérien a été suspendu « jusqu’à nouvel ordre », a ajouté la direction, qui a diffusé des photos montrant des colonnes de fumée à quelques mètres du tarmac. Ancienne plateforme militaire utilisée pour le trafic civil en remplacement de l’aéroport international de Tripoli, Mitiga est fréquemment visé par des tirs des forces du maréchal Khalifa Haftar.

Plus de 1 000 morts depuis le 4 avril

L’homme fort de l’est libyen a lancé le 4 avril une offensive pour conquérir Tripoli, siège du GNA, reconnu par l’ONU. Après plus de quatre mois d’affrontements meurtriers, les forces du maréchal stagnent aux abords de la capitale, freinées par les forces loyales au GNA. Selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les combats aux abords de Tripoli ont fait 1 093 morts et 5 752 blessés depuis le 4 avril, ainsi que plus de 120 000 déplacés.

Les belligérants se sont mutuellement accusés d’avoir violé l’accord d’une trêve temporaire réclamée par l’ONU durant l’Aïd al-Adha, célébration religieuse qui commence dimanche et se poursuit jusqu’à mardi en Libye. Le GNA avait dit « accepter une trêve humanitaire pour les jours de fête d’Al-Adha ». Les forces pro-Haftar avaient également affirmé souscrire à la trêve, annonçant « l’arrêt de toutes les opérations militaires dans la banlieue de Tripoli » de samedi à lundi.

« Les milices de Haftar ont violé la trêve à deux reprises, a affirmé à l’AFP Moustafa al-Mejii, porte-parole des forces du GNA. La première fois en visant une habitation à Soug al-Jomaa [est de Tripoli], blessant trois civils, et la deuxième en touchant l’aéroport de Mitiga. » Les forces du GNA ont « relevé les coordonnées des tirs de roquettes depuis les zones contrôlées par les milices de Haftar au sud de la capitale » et les ont transmises à la Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul), selon Moustafa al-Mejii. « Les forces du GNA respectent jusqu’à présent la trêve, mais elles détiennent tous les moyens de riposte à tout moment », a-t-il averti.

Chute de roquettes et échanges de tirs

L’opération des forces pro-GNA « Volcan de la colère » avait déjà accusé plus tôt les forces pro-Haftar de « violation de la trêve après la chute de roquettes dans le quartier de Soug al-Jomaa ». Trois personnes qui se trouvaient dans un abattoir ont été blessées, a-t-elle indiqué sur sa page Facebook. Des chaînes de télévision libyennes ont également fait état d’échanges de tirs dans le secteur de la route de l’aéroport international de Tripoli, fermé et gravement endommagé en 2014 par des combats.

Dans un communiqué commun publié dimanche dans la soirée, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis, la France, l’Italie et le Royaume-Uni ont appelé au respect de la trêve et exhorté les belligérants à « cesser effectivement les hostilités sur l’ensemble du territoire libyen ». Les cinq pays ont invité de nouveau « toutes les parties à œuvrer sans délai en faveur d’un accord de cessez-le-feu ».